Travail saisonnier et santé

Comment définir un saisonnier ?

 Plusieurs conditions doivent être réunies pour caractériser une activité saisonnière :

• Le travail saisonnier ne peut durer plus de 8 mois,
• Il doit se répéter tous les ans et dépendre des conditions météo ainsi que des flux touristiques,
• Il se retrouve principalement dans 3 secteurs et peut faire l’objet de différents contrats ; un Contrat à Durée Déterminée (CDD), un Contrat de Travail Temporaire (intérim) ou un contrat saisonnier qui a quelques spécificités :
  • Pas de versement obligatoire à son terme d’une prime de précarité,
  • Possibilité de ne pas comporter de date précise d’échéance, avec néanmoins une durée minimale d’emploi,
  • Possibilité de comporter une clause de reconduction.

Les travailleurs saisonniers ne sont généralement pas qualifiés

En règle générale, les travailleurs saisonniers sont des étudiants ou des demandeurs d’emploi avec peu ou pas de qualification. Ils ne sont formés ni aux gestes et postures adéquats, ni à la santé et à la sécurité au travail. Ils peuvent également être en manque d’information sur les contraintes physiques et organisationnelles de leur travail qui peuvent présenter de potentielles causes d’accidents. Plus généralement, les travailleurs saisonniers découvrent une nouvelle activité, un nouveau métier, ce qui les rend davantage vulnérables aux accidents.

Lieux de travail temporaires et précaires

Pour les saisonniers qui travaillent dans l’événementiel, l’animation, le monde de la fête ou du sport, les lieux de travail qu’ils soient en intérieur ou en extérieur, ont souvent un caractère temporaire et précaire. Ils sont fréquemment inadaptés à l’activité ponctuelle pour laquelle on les destine. Ainsi, les saisonniers se trouvent contraints de travailler dans des conditions difficiles, des emplacements exigus avec des infrastructures techniques et sanitaires insuffisantes ou inexistantes. Les conditions météorologiques sont également un facteur de risques pour des saisonniers mal protégés et insuffisamment équipés.

Un rythme de travail particulier

Le rythme de travail des saisonniers est particulier dans la mesure où leurs activités se déroulent pendant de courtes périodes, mais suivant un rythme intensif. La charge mentale et physique est forte d’autant plus que les horaires, notamment en période estivale ou hivernale, sont irréguliers et s’étendent sur de larges plages horaires. Les gestes sont répétitifs, les clients nombreux et les contraintes de productivité très fortes. Il constitue une rupture par rapport au rythme de vie normal, source de pathologies psychosomatiques.

Des situations et un environnement de travail souvent instables

Les conditions de vie des travailleurs saisonniers sont également à prendre en compte dans le cadre des contraintes fortes liées à ce statut. En effet, ils cohabitent loin de leur domicile, dans des logements souvent inconfortables. Cela peut entraîner des conséquences sur leur vigilance au travail ou dans leur vie personnelle. En effet, ces conditions de vie peuvent amener à une hygiène de vie particulièrement propice aux risques : alcool, substances psychotropes ou relations sexuelles non protégées. Cela est d’autant plus renforcé par l’ambiance festive, par exemple dans les lieux de vacances, qui inhibe l’attention que l’on peut porter à sa santé.

Les travailleurs saisonniers sont souvent des non-locaux et/ou des jeunes gens (étudiants…), ce qui les rend vulnérables face à l’isolement, aux conditions de logement, au manque de maturité, au contexte ludique ou permissif…

Une attitude de déni des risques chez les jeunes saisonniers

La perception des risques physiques comme les erreurs alimentaires ou la consommation d’alcool est souvent affectée chez les jeunes saisonniers par certaines illusions ou biais perceptifs qui sont susceptibles d’affecter leur attitude vis-à-vis de la sécurité et de leur motivation à leur propre protection (intempérance, défi, excès de toute nature…).

• Risques physiques liés aux gestes répétitifs et aux postures contraignantes de la récolte et de la vendange, avec des troubles musculosquelettiques associés comme les tendinites ou les lumbagos ;
• Risques de coupures ou de blessures liés à l’utilisation d’outils tels que les sécateurs ou les taille-haies ;
• Risques liés aux contraintes du travail en extérieur comme la surexposition aux rayons UV, à la chaleur, aux piqures d’insectes ou aux corps étrangers dans les yeux ;
• Risques de chutes de plain-pied et de hauteur : glissades et trébuchements liées à la topologie du terrain ou à un obstacle non repéré sur un sol encombré (entorses, contusions…), utilisation de moyens inadaptés d’accès en hauteur pour la cueillette de fruits (fractures, traumatismes…) ;
• Exposition non protégée aux produits chimiques notamment phytosanitaires (troubles cutanés, respiratoires…).

Les risques psychologiques

Les travailleurs saisonniers sont soumis, par essence, à des risques psychologiques compte tenu de l’isolement, de la charge de travail très importante, du harcèlement moral et sexuel sur des saisonniers dépourvus de collectif de travail, notamment pour ceux qui opèrent de nuit.

Les relations avec la clientèle dans le secteur du commerce peuvent être également source de tension qu’elle soit émotionnelle ou psychologique, qui peut entraîner des troubles psychologiques ou physiques du fait de clients qui peuvent être violent physiquement.

Tous ces risques peuvent provoquer un épuisement professionnel, un état d’anxiété et dépressif et des comportements addictifs qui ont comme conséquence un taux de fréquence des accidents du travail plus important, par une perte de contact avec la réalité, une désinhibition, une perte de la sensation de fatigue et une augmentation de l’estime de soi, qui favorisent les actions dangereuses et les conduites à risque.

Les mesures préventives spécifiques aux travailleurs saisonniers

 Pour prévenir au mieux les risques dans le cadre du travail saisonnier, la formation aux gestes et pratiques professionnels, à la sécurité au travail adaptée à chaque métier est essentielle, au moment de leur intégration puis pendant toute la période de l’emploi.

Cela passe par des actions de l’employeur mais aussi par des actions collectives des saisonniers qui peuvent former des groupes en amont du début de la saison. Cela passe également par la médecine du travail, avec l’envoi de lettres d’information et des temps d’information sur site par le médecin du travail ou le conseiller en prévention des risques professionnels.

Tout au long du contrat, des séances minimales d’information sur les risques et les moyens de les prévenir doivent également être mises en œuvre pour réduire au maximum les risques liés à ce statut de travailleur saisonnier.

Étant donné qu’ils sont souvent jeunes, il est nécessaire de les contraindre de manière obligatoire à respecter les consignes de sécurité et leur faire des rappels fréquents de sensibilisation car ils adoptent souvent des attitudes de déni du risque pour eux-mêmes. Ils doivent connaître les risques qu’ils encourent à ne pas respecter les règles. De même, leur fournir des équipements de protection individuelle est indispensable. C’est une obligation de l’employeur qui doit s’assurer qu’ils sont portés.