Traitements médicamenteux chez l’enfant : attention danger
En France, les intoxications médicamenteuses concernent près de 60 000 personnes par an. Les enfants de moins de 5 ans sont les plus touchés. C’est la deuxième cause d’accidents chez les enfants après les traumatismes. C’est pourquoi, une attention toute particulière doit être apportée aux risques auxquels ils peuvent être exposés, d’une part, en cas de traitement en respectant les prescriptions du médecin et en évitant l’automédication, mais aussi en s’assurant qu’aucune situation dangereuse mettant des médicaments à la portée d’un enfant n’existe dans son environnement.
AVENIR SANTÉ MUTUELLE vous donne quelques informations à ce sujet, que tous les parents du monde devraient connaître.
Enfants, adultes : des méthodes distinctes
On ne traite pas la médication d’un enfant comme celle d’un adulte.
La teneur en éléments actifs, par exemple, est dosée en fonction du poids de la personne à traiter ou de la capacité du corps à absorber un composant biologique.
On veillera également à ne pas considérer qu’un médicament pour adulte peut être délivré à un enfant proportionnellement à son poids. L’organisme d’un enfant, en plein développement, ne réagit pas de la même manière aux médicaments qu’un adulte.
La méthode d’administration joue également un rôle important du fait de la morphologie de l’enfant, de la forme et du goût du médicament et du degré d’acceptabilité de l’enfant à absorber une substance qu’il ne connaît pas.
Les médicaments pour enfant sont donc adaptés à chaque étape de la vie : de petits bonbons colorés et sucrés ou des sirops pour les plus petits ; les suppositoires, simples, rapides et … sans appel ; les injections, dans les cas plus sérieux, ou lorsqu’il n’existe pas d’autres solutions ; les inhalations qui peuvent faire l’objet d’un apprentissage de l’autonomie pour les plus grands, etc.
Un médicament, c’est quoi ?
Un médicament est destiné à soigner, à prévenir une maladie ou à en réduire ou éviter les symptômes négatifs. Il est composé d’un ou plusieurs principes actifs, une substance choisie pour ses effets sur la maladie à laquelle il est destiné, et des excipients, qui donnent au médicament sa forme, sa couleur, son goût et son mode de diffusion dans le corps.
Le dosage d’un médicament, c’est-à-dire le taux de substance active, est une de ses caractéristiques principales. Un même médicament peut se présenter sous plusieurs formes pour proposer plus de méthodes d’administration (cachet effervescent, gélule, poudre, etc.).
À chaque médicament est attribué un nom commercial qui figure sur la boîte, choisi par le laboratoire qui l’a fabriqué. Il lui est attribué également une dénomination commune internationale (DCI) qui est le nom du principe actif défini par l’OMS et utilisable dans un grand nombre de langues. Le Doliprane et l’Efferalgan, par exemple, sont les noms commerciaux de deux médicaments qui contiennent du paracétamol, le principe actif.
Les effets indésirables des médicaments
En général, les effets indésirables des médicaments sont les mêmes pour les enfants que pour les adultes, mais avec un risque plus important chez l’enfant du fait d’une assimilation différente par son organisme.
Le risque le plus important reste toutefois l’intoxication accidentelle de l’enfant qui ingère ou manipule de manière non souhaitée, un médicament ou des vitamines qui ne lui étaient pas destinés. L’attrait d’un médicament qui peut avoir l’apparence d’un bonbon par sa couleur, son odeur, ou tout simplement le geste réflexe des jeunes enfants de mettre à la bouche tout ce qu’ils découvrent, les exposent, à l’instar des produits ménagers, à des risques d’accidents qui peuvent avoir de lourdes conséquences.
La femme enceinte devra prendre quelques précautions et bien vérifier que le médicament qu’elle prend est compatible avec son état de future maman. En effet, certains médicaments peuvent avoir un impact sur le fœtus, par transfert placentaire. Après la naissance, c’est le lait maternel qui peut être porteur des principes actifs des traitements médicamenteux de la maman.
Dans tous les cas, le médecin et le pharmacien seront bien meilleurs conseillers que sylvie89 ou rené58 sur les réseaux sociaux pour connaître les caractéristiques des médicaments et leurs interactions avec l’enfant en cas de grossesse ou d’allaitement.
Attention donc à l’automédication et aux faux bons conseils lorsqu’il s’agit du traitement des enfants. Certains médicaments en vente libre, et apparemment inoffensifs pour les adultes (sirop contre la toux et le rhume contenant une association d’un antihistaminique, des sympathomimétiques, un décongestionnant et l’antitussif dextrométhorphane) ont des effets indésirables chez les enfants, parfois de manière dramatique. Ces médicaments, par exemple, ne doivent pas être administrés aux enfants de moins de 4 ans.
Les médicaments les plus à risques
Le flacon d’alcool à 70° (comme l’eau de Cologne ou les parfums dans la salle de bains) et, plus généralement les antiseptiques sont, le plus fréquemment, la cause d’intoxications médicamenteuses chez les jeunes enfants. Viennent ensuite les contraceptifs, les médicaments anti-stress ou contre l’insomnie (sur la table de chevet), les psychotropes, l’ibuprofène et le paracétamol, etc.
Vous l’aurez peut-être remarqué, mais de plus en plus, les laboratoires pharmaceutiques privilégient, quand ils le peuvent, les couleurs plutôt neutres et mates pour les médicaments. L’aspirine, par exemple, qui se diffuse plus vite que chez l’adulte est très souvent un comprimé blanc mat.
Les sirops pour enfants ont généralement une saveur sucrée et fruitée. Ils en gardent plutôt un bon souvenir et un flacon de sirop pour adultes qui traîne sur une table ou sur le meuble du salon deviendra vite une friandise convoitée par nos jeunes bambins.
Comment éviter le risque ?
Certains ouvrages pédiatriques proposent de se mettre à la place de l’enfant, en se mettant à sa hauteur dans sa chambre, accroupi ou allongé dans son aire de jeu, sous les meubles ou dans la cuisine pour voir ce qui pourrait constituer un risque pour l’enfant.
Les médicaments feront l’objet d’une attention toute particulière après leur utilisation. Ils seront soigneusement stockés dans un endroit hors de portée de l’enfant, en hauteur, dans une boîte et un placard fermé.
Certains acrobates en puissance ne reculeront pas devant l’escalade d’un tabouret ou d’une chaise pour tenter d’atteindre la bouteille de sirop tant convoitée. La disposition des meubles doit prendre en compte cette hypothèse.
Un comprimé est tombé par terre ? Il a roulé quelque part sous un meuble ? N’ayez de cesse que lorsque vous l’aurez retrouvé, parce que bébé, qui marche à peine, lui, il le trouvera…
D’autres substances ou produits toxiques demanderont au moins autant d’attention que les médicaments : produits ménagers, dosettes de lessive, cosmétiques, champignons, alcool, produits chimiques, pesticides….
Et en cas d’intoxication ?
L’intoxication médicamenteuse accidentelle est facile à diagnostiquer, voire à prévenir, lorsque l’enfant le fait en présence de témoins. Elle l’est beaucoup moins lorsque l’enfant a ingéré le médicament en étant isolé, d’autant plus que les premiers symptômes peuvent apparaître plusieurs heures après son ingestion.
Si le médicament est connu, parce que l’enfant a vomi des comprimés, ou parce qu’une boîte est retrouvée ouverte, on cherchera rapidement à déterminer la nature du toxique avalé, en prenant garde que certains médicaments peuvent contenir plusieurs principes actifs. On essaiera de connaître quelle est la quantité absorbée : la boîte était-elle pleine ? Combien de comprimés restent-ils ? Et on tentera d’évaluer le délai écoulé depuis l’ingestion du médicament. Le danger serait de sous-estimer la gravité de l’intoxication et de négliger toutes les informations pour une prise en charge thérapeutique la mieux ciblée possible.
Si les symptômes d’une intoxication apparaissent, on cherchera auprès de l’entourage de l’enfant, quelles substances il a pu ingérer et on procédera de la même manière pour identifier les quantités et les principes actifs absorbés.
Les symptômes d’une intoxication diffèrent en fonction de la substance ingérée. Des apnées à répétition peuvent traduire de la prise de barbituriques ou d’opiacés. Une respiration ample peut être la cause de l’absorption de méthanol ou d’éthylène glycol. Un coma agité peut être consécutif à la prise d’alcool ou d’antidépresseurs. Un coma plutôt calme est peut-être le signe de la prise de barbituriques ou d’une quantité importante d’alcool. La survenue de convulsions est un facteur de gravité supplémentaire.
Dans tous les cas, on évitera de paniquer devant l’enfant qui pourrait avoir une réaction en lien avec l’appréhension causée par ce vent de panique et non par le médicament lui-même, ce qui risquerait de fausser le diagnostic.
En dialoguant calmement avec l’enfant, sans le gronder, on évitera peut-être qu’il mente et on pourra ainsi mieux reconstituer ce qui s’est réellement passé.
Il faut éviter de provoquer un vomissement pour limiter le risque d’étouffement.
Et dès que possible, il convient de contacter le centre antipoison de votre région (accessible sur http://www.centres-antipoison.net 24h/24), le SAMU (15) ou les pompiers (18 ou 112). Vous contacterez également le médecin ou le pédiatre traitant qui vous dirigera vers un service pédiatrique d’urgence pour la mise en place d’un traitement par antidote, une surveillance et un lavage gastrique si nécessaire.
Conclusion
Les publicités pour les médicaments exercées par les laboratoires pharmaceutiques sur les médecins et sur les patients, quel que soit leur âge, sont de plus en plus agressives. Certains médicaments sont même devenus des produits de consommation courante.
AVENIR SANTÉ MUTUELLE souhaite alerter les parents sur le danger que des médicaments, administrés trop facilement ou trop souvent à un enfant, peuvent avoir un impact négatif sur son développement, sur sa santé et sur les capacités futures de son organisme à répondre favorablement à certains traitements médicaux.
L’intoxication médicamenteuse est un accident qu’il faut savoir prévenir. Les parents doivent donc être sensibilisés pour que les médicaments ne restent pas à la portée des enfants et pour éviter les erreurs de dosage ou de traitements.