Qu’est-ce qu’un TOC ?

Médecine et santé - AVENIR SANTÉ MUTUELLE - 30/11/2021

Un TOC (Trouble Obsessionnel et Compulsif) est une affection qui se caractérise par la présence d’obsessions et/ou de compulsions récurrentes, persistantes, pénibles et parfois très invalidantes. On estime que 2 à 3 % de la population en France souffre de TOC, soit plus d’un million de personnes. Mais ce chiffre est vraisemblablement très en dessous de la vérité car beaucoup existent encore sans avoir reçu de diagnostic précis.

AVENIR SANTÉ MUTUELLE vous apporte un éclairage sur cette pathologie dont tout le monde parle mais qui est encore mal connue du grand public.

Obsession ? compulsions ? quelles différences ?

Pour bien comprendre ce qu’est un TOC, il est important de connaître les termes qui le définissent.

L’obsession

Lorsqu’une personne a des idées ou des images qui se présentent de manière spontanée dans sa pensée, qu’elle ressent comme étant une émanation de sa propre activité psychique, mais auxquelles elle ne souhaiterait pas être soumise, alors que pourtant, elles reviennent sans cesse, sans lui laisser de répit, on parle alors d’une obsession. Cette pathologie (car il s’agit bien d’une névrose), est assez contraignante et anxiogène. On peut avoir une obsession de la saleté, la peur de commettre des erreurs, ou plus simplement la peur d’avoir oublié de couper le feu de la cuisinière, d’attraper des maladies… L’obsession est la forme la plus grave et la mieux organisée de la pathologie névrotique.

Les compulsions 

Les compulsions sont caractérisées par des gestes, ou des actes répétitifs, que le sujet qui en est victime reconnaît comme étant absurdes, voire gênants, mais qui, s’il ne les réalise pas, le mettent mal à l’aise ou lui procurent de l’angoisse. Ces compulsions peuvent se traduire de manières très différentes : besoin de symétrie et d’exactitude, d’effectuer les mêmes rituels chaque jour au lever ou à la toilette, de vérifier, de ranger, d’amasser, de compter… et subir une souffrance intense lorsque les objets sont en désordre ou mal alignés.

Les causes

Une pathologie encore mal connue

Les causes des Troubles Obsessionnels Compulsifs TOC provoqués par des dysfonctionnements cérébraux sont encore inconnues. Il semblerait toutefois, que des prédispositions génétiques jouent un rôle majeur dans leur développement bien que les variants génétiques associées à ses troubles ne soient pas encore tout à fait connus. Des origines congénitales, éducatives et sociales sont également évoquées.

Pour autant, les mécanismes psychologiques des TOC sont eux assez bien connus et identifiés. Les craintes irrationnelles relatives au danger, au risque pour soi-même ou pour son entourage, la notion permanente de responsabilité, voire de culpabilité vis-à-vis de ce qui pourrait arriver, nourrissent la majorité des comportements obsessionnels compulsifs. Les patients sont tellement investis dans leur propre sécurité ou celle d’autrui qu’ils en sont malades. Les pensées portent principalement sur les conséquences dramatiques que pourraient avoir des erreurs éventuelles dans le comportement ou les actes du patient.

Ces pensées, ces obsessions sont très souvent non fondées et le patient en a conscience, toutefois, il ne peut s’y soustraire.

Des rituels compulsifs pour pallier les pensées obsessionnelles

De ce fait, afin d’atténuer ou de supprimer ces obsessions, le patient va mettre en œuvre des rituels compulsifs précis, répétitifs et souvent excessifs : se laver les mains plusieurs fois sans raison, faire sa toilette suivant un protocole bien précis, identique chaque jour, quitte à recommencer si ceux-ci n’ont pas été respectés…

Ces rituels peuvent prendre du temps et avoir un impact sur la qualité de vie du patient qui ne consacre plus assez de temps aux choses essentielles du quotidien ou même aux activités professionnelles, au risque de se désocialiser ou de perdre son emploi.

Le rôle du cerveau

Des études scientifiques ont mis en évidence le rôle essentiel de deux régions du cerveau dans cette pathologie.

La région orbitofrontale est impliquée dans l’apparition du doute, envahissant, à l’origine des comportements répétitifs de vérification alors que des régions plus profondes du cerveau appelées « ganglions de la base » sont-elles plus impliquées dans la gestion des émotions. Les chercheurs ont montré que l’activité neuronale de ces zones du cerveau était fortement augmentée chez les patients atteints de TOC. Autre piste, les événements de vie stressants, qui, s’ils peuvent jouer un rôle, sont néanmoins moins déclenchants que dans la dépression.

Le traitement

Longtemps, les psychanalystes se sont penchés sur les causes personnelles du patient et sur son histoire, mais très souvent, ils ont dû faire face à un sentiment de culpabilité que ce parallèle pouvait faire naître chez le patient.

Les thérapies comportementales et cognitives (TCC)

Ce sont les thérapies comportementales et cognitives (TCC) qui s’avèrent les plus efficaces dans le cadre d’un suivi d’un ou deux ans. Le patient travaille sur ses doutes et ses peurs. Par exemple, s’il est atteint d’un TOC lié à la peur de la contamination, le thérapeute lui fera toucher de la poussière et de la saleté. Le processus est lent et nécessite beaucoup d’encouragements et de félicitations à chaque progrès. Les thérapies de groupe, pour travailler la confiance en soi, la relaxation ou la méditation sont autant de leviers qui pourront être mis en œuvre.

La thérapie EMDR (Eye Mouvement Desensitization and Reprocessing) est une technique de stimulation sensorielle auditive et visuelle qui est un bon complément aux TCC.

Les traitements médicamenteux

Certains antidépresseurs font preuve d’efficacité dans le traitement des TOC et notamment les inhibiteurs de recapture de sérotonine. Les doses utilisées sont plus importantes que pour le traitement de la dépression. L’association d’une TCC et d’un traitement par antidépresseur est souvent utilisée par les praticiens dans le traitement des TOC particulièrement intenses ou handicapants.

 

Comment aider un proche ?

On ne peut pas empêcher brutalement un proche de suivre ses rituels compulsifs au risque de provoquer un trop grand mal-être, mais on ne doit pas non plus le laisser s’adonner aux manies qui ne le soulagent que ponctuellement et réagir aux nouvelles compulsions qui se mettraient en place. On proposera un soutien thérapeutique qui lui permettra de réguler de lui-même ses compulsions et ses obsessions. Il faudra donc faire preuve de tact et de compréhension, tout en mettant des limites pour ne pas rentrer dans le jeu des compulsions. Attention, d’ailleurs, à ne jamais tomber dans le piège qui consisterait à réaliser vous-mêmes les vérifications compulsives que votre proche vous demanderait de réaliser à sa place !

Exprimez vos inquiétudes dès que vous vous rendez compte d’un problème de comportement et poussez-le gentiment vers une prise en charge efficace. Lui porter attention favorisera la confiance et sera positif pour la réussite de sa guérison.

En conclusion

Les TOC doivent être détectés le plus tôt possible pour qu’ils ne prennent pas une place importante trop rapidement dans la vie quotidienne d’un malade.  Un diagnostic précoce permettra de limiter l’évolution des symptômes en lançant une thérapie adaptée qui sera de nature à libérer l’expression émotionnelle qui est encore trop souvent intériorisée.

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