Premiers secours, tous concernés
Si l’on devait résumer en trois mots ce que le vocable « premiers secours » exprime, ce serait : protéger, alerter et secourir. Des termes utilisés dans le monde entier pour faire face à des situations d’urgence et limiter, non seulement, les conséquences pour les personnes blessées, mais aussi les risques qu’un accident pourrait engendrer. Se former aux premiers secours, ou tout simplement en maîtriser quelques notions de base, devrait être enseigné dès le plus jeune âge. Car, que ce soit dans la vie professionnelle ou personnelle, chaque individu, avec un minimum de connaissances, a la capacité de sauver des vies en cas d’accident.
AVENIR SANTÉ MUTUELLE vous livre quelques informations sur ce domaine pourtant encore peu répandu parmi nos concitoyens.
Une étude IFOP de 2016, pour la Croix-Rouge, indique que 53 % des Français déclarent avoir bénéficié d’une formation ou d’une initiation aux gestes de premiers secours ou à la prévention des risques. C’est trop peu, en comparaison avec d’autres pays européens, comme l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark ou la Norvège qui sont plus de 90 % à connaître, à minima, les principes de base à adopter en cas d’accident.
Ce sont moins de 7 % des Français qui sont formés, chaque année, aux gestes de premiers secours. Pourtant, selon Sauveteurs Sans Frontière, 32 % des vies pourraient être sauvées si l’on pratiquait immédiatement les gestes qui sauvent contre seulement 5 % sans aucune intervention immédiate.
Une dimension sociétale
Le secourisme est une démarche altruiste, civique et personnelle. C’est accepter tacitement la délégation de réaliser certaines tâches qui relèvent de la médecine, pour permettre de limiter les conséquences d’un accident, voire d’assurer la survie de la victime, en attendant l’arrivée des services de secours.
Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, la notion d’urgence est inconnue. Certes, depuis que l’Homme existe, on mettait un blessé à l’abri, on l’isolait, on priait… Mais on ne mettait pas en œuvre des moyens rapides pour assurer sa survie. On pensait alors qu’une réanimation même tardive pouvait être possible, bien que totalement inefficace. De plus, réanimer une victime inconsciente pouvait être perçu comme de la sorcellerie alors que tenter en vain de la ranimer pouvait être qualifié de meurtre…
C’est seulement en 1755 que le docteur Samuel Auguste TISSOT évoque pour la première fois, la médecine d’urgence dans son « avis au peuple sur la santé ».
Puis, en 1772, l’échevin Philippe-Nicolas PIA, maître en pharmacie, est chargé, par le service des secours de Paris, d’organiser la prise en charge des noyés. Une surveillance constante est organisée dans des postes de secours le long des quais de Seine, par des gardes municipaux de Paris qui bénéficient d’un enseignement médical pour assurer les premiers soins aux victimes. Une prime de vigilance est même versée pour chaque personne secourue. Chaque garde dispose d’un brancard et d’une boîte de secours et, grâce au télégraphe, un médecin peut être contacté via le poste de police le plus proche.
Il invente même une machine fumigatoire pour réanimer les noyés par injection de fumée de tabac dans les intestins. Elle est disposée le long de la Seine dans des boîtes entrepôts avec mode d’emploi et matériel de secours.
Selon la Société Française des Infirmiers Anesthésistes : « Son fonctionnement était basé sur l’excitation du système nerveux. Les sauveteurs devaient déshabiller le noyé, l’essuyer avec de la flanelle, le couvrir d’un bonnet puis faire entrer de l’air dans les poumons en soufflant dans la bouche par le moyen d’une canule, et enfin introduire dans les intestins de la fumée de tabac par le fondement, en se servant de la machine fumigatoire, tout en chatouillant le dedans du nez et de la gorge avec une plume et en frottant la surface du corps avec une flanelle imbibée d’eau-de-vie ». Une méthode d’un autre temps qui, pourtant sauva, en 1775, 35 personnes sur 41 repêchées dans la Seine.
Plus tard, l’assistance respiratoire est désignée comme la seule méthode réellement efficace. Les ambulances sont créées en 1794. Il faudra attendre l’année 1900 pour que le massage cardiaque soir décrit et utilisé pour réanimer les personnes en défaillance cardiaque.
En 1859, la Croix-Rouge est créée par Henry Dunant lors de la bataille de Solférino pour porter secours aux blessés par des brancardiers secouristes. Mais c’est seulement au lendemain de la Seconde Guerre mondiale qu’une commission nationale du secourisme est créée au sein du Ministère de l’Intérieur. Elle élabore un programme national qui introduit la notion de secourisme élémentaire concernant les témoins isolés et un secourisme professionnel des sapeurs-pompiers et des secouristes en équipe.
Le rôle déterminant de l’action du premier témoin d’un accident et son efficacité sont soulignés par l’ensemble de la communauté internationale et réaffirmés lors des études sur l’accidentologie routière.
P.A.S
Protéger – Alerter – Secourir, tels sont les maîtres-mots qui font le succès et l’efficacité des gestes de premiers secours.
Et non, sauver une vie ne relève pas que de la responsabilité des secouristes de la Croix-Rouge, des pompiers, du SAMU ou de toute autre profession de santé. Et oui, toute personne à partir de l’âge de 7 ans, est en capacité de porter secours à une victime en lui apportant les gestes de base de premiers secours dans l’attente des professionnels de santé.
En connaissant les bonnes pratiques à adopter, on peut sauver un parent, un enfant, un ami, un collègue, ou tout simplement un inconnu.
Si on est impliqué dans l’accident, il faut s’arrêter et porter secours. Ne pas s’arrêter pour tenter d’échapper à de possibles poursuites pénales éventuelles, en cas d’accident de la route par exemple, est un délit de fuite passible d’un retrait de 6 points du permis, 75 000 euros d’amende, voire même, pour le conducteur, suspension du permis de conduire pour une durée de 5 ans, annulation du permis de conduire en cas de blessures et d’homicides involontaires, interdiction d’obtenir le permis de conduire, travail d’intérêt général, confiscation du véhicule, emprisonnement, etc.
Ne pas alerter les secours, ne pas porter secours à une personne en péril, tant qu’il n’y a pas de risque pour soi, qu’on soit une personne impliquée ou même seulement un témoin, constitue un délit de non-assistance à personne en danger qui peut être sanctionné par une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 5 ans et 75 000 euros d’amende.
Protéger
Dans tous les cas, lorsque les services de secours sont sur place ou lorsqu’ils arrivent, vous devez leur céder la place pour ne pas gêner leur intervention.
Qu’il s’agisse d’un accident de la route, professionnel ou domestique, la première chose à faire, avant même de secourir la victime, pour éviter tout risque de suraccident, c’est de protéger le lieu et faire en sorte que le chaos provoqué par l’accident n’en provoque pas un autre : Garer son véhicule dans un lieu qui ne présente pas de risque pour les autres automobilistes, baliser la zone (triangle à 30m avant l’accident, visible à 100m), veiller à laisser les accès libres pour les services de secours, ne pas toucher aux fils électriques à terre et les baliser, éteindre un feu, et en règle générale, dans la mesure du possible, toujours en prenant garde à sa propre sécurité, supprimer ou baliser la cause de l’accident et en sécuriser l’accès et les abords.
Alerter
Le deuxième principe de base en cas d’accident, toujours avant de secourir la victime, c’est d’alerter les secours. Il faudra être précis, donner un maximum de renseignements pour que les secours adaptent les moyens qu’ils vont mobiliser. C’est pourquoi, avant d’appeler les secours, il faut prendre le temps de repérer le lieu, le nom de la rue, l’axe routier, l’adresse exacte, l’étage, l’état de la ou des victimes, leur nombre…
Il faudra ensuite appeler les services de secours qui correspondent au contexte dans lequel vous vous trouvez :
- 18, l’appel aux pompiers pour porter secours à une personne en difficulté,
- 15, le SAMU (Service d’Aide Médicale Urgente) pour tout problème qui présente une urgence médicale de santé,
- 17, pour un appel aux services de police ou de gendarmerie pour tout problème de sécurité ou d’ordre public,
- 115, le SAMU Social, pour venir en aide à une personne en détresse sociale,
- 112, le numéro d’appel d’urgence qui fonctionne partout en Europe.
Même si l’urgence de la situation vous préoccupe, ne raccrochez pas avant que votre interlocuteur ne vous y ait invité.
Secourir
Une fois la sécurisation du périmètre et l’alerte aux services de secours réalisés, alors seulement, vous pourrez porter secours aux victimes, sauf en cas d’extrême urgence (victime inconsciente et risque d’incendie, risque d’explosion, etc.). Ne négligez aucun des deux principes précédents, même si vous êtes plusieurs. Secourir quelqu’un alors que la zone n’est pas sécurisée, c’est prendre un risque supplémentaire pour vous et pour les autres.
En cas de plaie légère, dans la mesure du possible, lavez-vous les mains, ou frottez-les avec un gel hydroalcoolique avant de nettoyer la plaie avec de l’eau et du savon ou d’appliquer un antiseptique. Puis protégez avec un pansement adhésif.
En cas d’évolution de la plaie (rougeur, gonflement, douleur…) une consultation chez un médecin est conseillée.
En cas de plaie plus grave, si le saignement est abondant, une pression devra être exercée directement sur la plaie dans le but d’arrêter le saignement, la victime étant couchée. Il faut éviter, dans la mesure du possible, tout contact avec le sang de la victime. C’est pourquoi, si elle en est capable, demandez-lui de comprimer elle-même sa blessure. Il faudra exercer cette compression jusqu‘à l’arrivée des secours. Lavez-vous les mains après l’intervention.
En cas de morsure animale, il existe des risques de saignement, d’infection, de tétanos, de rage ou de troubles spécifiques à la nature du venin ou des microbes transmis. Dans la mesure du possible, il sera nécessaire de faire examiner l’animal responsable de la morsure, par un vétérinaire pour vérifier qu’il n’est pas porteur du virus de la rage.
Après lavage des mains, il faut nettoyer la plaie à l’eau et au savon ou à l’aide d’une solution antiseptique et mettre un pansement adhésif sur la peau sèche. En cas de morsure par un serpent, il sera nécessaire d’immobiliser la victime très rapidement et surtout le membre mordu lors du déplacement vers un centre de soins. En cas de symptômes du type nausées ou troubles de la vision, la consultation d’un médecin doit être réalisée en urgence.
Les effets d’une brûlure légère peuvent être atténués en refroidissant la zone touchée avec de l’eau froide pendant au moins 15 minutes, et au moins jusqu’à ce que la douleur disparaisse. Laissez la zone propre et sèche, n’appliquez aucune pommade ni antiseptique ni corps gras.
En cas de brûlure plus grave, si vous ne l’avez pas déjà fait, appelez les secours au 18 ou au 112. Continuez de refroidir la blessure et de surveiller la victime en permanence jusqu’à l’arrivée des secours. Bien entendu, ne rien appliquer sur une brûlure grave sans avis médical.
Un étouffement est toujours possible lorsqu’on avale « de travers » un aliment ou un objet. Il faut intervenir rapidement si la personne ne peut plus parler, respirer ou tousser. Il faut alors la pencher en avant et lui taper dans le dos avec le plat de la main, 4 ou 5 fois entre les omoplates en observant si le corps étranger a été expulsé ou pas. Si ça ne fonctionne pas, il faudra pratiquer la méthode dite « Heimlich » qui consiste à se mettre derrière la personne qui sera penchée en avant, serrer votre poing sur son estomac avec l’autre main, et exercer des mouvements de pression vers vous et de bas en haut 4 ou 5 fois de suite. En cas d’échec, prévenez les secours d’urgence.
Si la personne est victime d’un malaise et si elle est consciente, il est important d’observer les signes d’apparition soudaine, isolés ou associés, même de très courte durée, qui pourront orienter le médecin vers un accident cardiaque (douleur dans la poitrine) ou un accident vasculaire cérébral (AVC) en cas de faiblesse ou de paralysie d’un bras, déformation du visage, perte de la vision, incohérence des propos, mal de tête, perte d’équilibre, etc. Questionnez la victime sur ses prises de médicaments éventuelles, depuis combien de temps dure ce malaise, rassurez-la.
Si elle est inconsciente, il ne faudra pas la laisser sur le dos au risque qu’elle s’étouffe avec sa langue ou par une accumulation de liquide dans sa gorge. Il faut rapidement la mettre en PLS (Position Latérale de Sécurité) et vérifier régulièrement la respiration de la victime.
La formation aux premiers secours
Pour avoir les bons réflexes en cas d’accident avec victimes, il est important de se former, que l’on soit un particulier ou salarié dans une entreprise. Il est possible d’apprendre les gestes de premiers secours à travers une formation simple et courte qui permet d’avoir les bons réflexes face à un ami, un membre de sa famille, ou toute personne en danger.
La formation Prévention et secours civique de niveau 1 (PSC1) est une formation d’une journée (7h), qui vous permettra d’apprendre des gestes simples à travers des mises en situation : comment prévenir les secours, protéger une victime, quels gestes effectuer en attendant l’arrivée des secours, etc. Ouverte à tous, la formation au PSC1 ne nécessite aucune formation préalable et est accessible pour toute personne âgée d’au moins 10 ans.
Renseignez-vous auprès de votre employeur, si vous êtes salarié, pour devenir secouriste du travail et avoir la capacité de porter secours à toute victime d’un accident de travail ou d’un malaise. Le secouriste du travail est aussi un acteur de la prévention dans son entreprise.
Si vous êtes un particulier, renseignez-vous auprès de l’Union départementale des Sapeurs-Pompiers de votre département.
Conclusion
Que l’on soit un particulier, enfant ou adulte, un salarié, un professionnel de santé, ou n’importe qui dans le monde, nous avons tous cette merveilleuse faculté en nous de pouvoir, peut-être un jour dans notre vie, sauver des vies humaines. Certains gestes de premiers secours se font fréquemment de manière intuitive, mais face à un accident, l’intuition, la panique parfois, le manque de connaissances souvent, peuvent nous amener à faire des gestes qui pourraient aggraver la santé d’une victime.
C’est pourquoi AVENIR SANTÉ MUTUELLE vous conseille de suivre une formation aux gestes de premiers secours, soit dans un organisme professionnel, qu’il soit payant ou gratuit, pour apprendre les gestes de base qui pourront peut-être un jour sauver votre enfant, votre conjoint, un parent, ou tout simplement un inconnu, avec ce sentiment incroyable d’avoir accompli un acte de solidarité extraordinaire que vous et votre miraculé garderez en mémoire toute votre vie.