Le changement d’heure : ses conséquences sur notre organisme
Instauré en France en 1976 à la suite des chocs pétroliers des années 1973/1974, pour réaliser des économies d’énergie, le système de changement d’heure permet surtout de synchroniser le temps d’ensoleillement et l’activité quotidienne humaine. L’inconvénient, c’est qu’il a un impact direct sur notre sommeil. Au printemps, nous passons à l’heure d’été, l’horloge est avancée d’une heure. En automne, nous passons à l’heure d’hiver, l’horloge est alors retardée d’une heure. Ce changement d’heure est un procédé, de plus en plus décrié, car certes bénéfique à l’environnement, il n’est pas sans répercussions sur l’organisme.
AVENIR SANTÉ MUTUELLE fait le point sur les différents impacts du changement d’heure sur notre sommeil, notre corps et notre esprit.
Un impact sur tout l’organisme
Le sommeil, qui fonctionne par cycles de 24 heures, peut être perturbé pendant plusieurs jours à la suite du changement d’heure, surtout au passage à l’heure d’été qui réduit le sommeil d’une heure et peut provoquer, chez certaines personnes, des troubles généraux :
- Manque de sommeil (risque de somnolence)
- Troubles de l’endormissement (insomnie)
- Troubles de l’attention (baisse de la capacité de travail)
- Troubles de l’appétit (avoir faim à des heures décalées)
- Troubles de l’humeur (nervosité)
Le changement d’heure est considéré par certains scientifiques, comme encore plus néfaste sur la santé que le décalage horaire lié aux changements de fuseaux lors de voyages. En effet, lors d’un changement d’heure, l’homme ne change pas ses activités (pas de vacances) contrairement aux décalages horaires liés aux voyages d’agrément par exemple. Les heures de repas, de réveil ou de coucher sont décalées et les repères temporels sont directement affectés.
Le changement d’heure perturbe donc le sommeil et, par conséquent, bouscule l’équilibre hormonal. Première victime, notre horloge interne, qui rythme notamment la sécrétion de la mélatonine ou plus communément appelée « l’hormone du sommeil ». Elle régule le rythme éveil/sommeil et est directement affectée par la longueur de la nuit, différente en été et en hiver.
Personnes vulnérables au changement d’heure
En général, l’organisme s’adapte en quelques jours à ce nouveau rythme. Mais, chez certaines personnes, cela peut prendre plus de temps et les troubles liés au changement d’heure seront donc plus fréquents.
Les personnes âgées, plus habituées à des horaires fixes et à un sommeil court sont susceptibles de subir plus intensément un décalage d’horaires.
Les enfants et en particulier les bébés, qui au cours du changement d’heure d’été, voient l’environnement autour d’eux modifié. Les nourrissons passent d’un coucher et d’un réveil dans la pénombre, à un coucher et un réveil à la lumière du jour, ce qui peut provoquer des perturbations sur leur sommeil.
Pour les personnes « fragiles » et rencontrant des difficultés à s’adapter au changement d’heure, les spécialistes du sommeil conseillent la luminothérapie. Ce traitement permet la régulation de l’horloge biologique en fonction du nouveau rythme horaire de leur environnement.
Les conséquences graves du changement d’heure d’été
Outre de classiques perturbations du sommeil, des conséquences plus graves pourraient directement découler du changement d’heure.
Selon certaines études, on observe pendant la semaine qui suit le passage à l’heure d’été, une augmentation de 5 % du nombre d’infarctus. Les spécialistes y voient une corrélation entre les variations du nombre d’infarctus et les effets du changement d’heure sur le sommeil de la population.
Le passage à l’heure d’été pourrait également être la cause d’une augmentation des accidents de la route ou du travail.
Le manque de sommeil peut avoir un gros impact dans la vie quotidienne, il peut provoquer une chute de l’attention, occasionner de la somnolence, de la nervosité ou dégrader l’humeur.
Et dans une société où la technologie est omniprésente, l’exposition prolongée à la lumière des écrans durant la soirée retarde l’endormissement et n’aide en rien la qualité du sommeil. De plus, si l’on rajoute à cela la perte supplémentaire d’une heure de sommeil au passage à l’heure d’été, les effets du manque chronique de sommeil sur notre santé peuvent s’aggraver ponctuellement. En effet, cela favoriserait l’apparition de troubles du métabolisme comme le diabète ou l’obésité, ou de maladies cardiovasculaires.
Contrairement à l’heure d’été, l’heure d’hiver semble être bénéfique pour notre organisme avec une diminution de 5 % du nombre d’infarctus pendant la semaine qui suit le passage à l’heure d’hiver. L’heure de sommeil supplémentaire de l’automne pourrait donc avoir un effet protecteur.
L’heure d’hiver en phase avec notre horloge biologique ?
L’heure d’hiver est celle qui se rapproche le plus de notre horloge biologique naturelle, car elle correspond davantage au rythme du soleil et de la lumière, sur lequel notre organisme se régule. Depuis un demi-siècle, les Hommes ont perdu environ 1h30 de sommeil. Donc dormir une heure de plus, comme le permet le passage à l’heure d’hiver, est bénéfique à notre organisme. La lumière en automne et en hiver est en phase avec notre mode de vie, notre rythme biologique suit l’heure solaire. À l’heure d’été nous avons deux heures de décalage par rapport au soleil. Alors oui, les soirées ensoleillées d’été durent plus longtemps, mais ce n’est pas bon pour notre santé. « Passer à l’heure d’été est un contre-sens chronobiologique » explique le docteur Marc Rey, neurologue spécialiste du sommeil.
Mais en réalité, c’est tout notre mode de vie qui est à redéfinir si nous souhaitons respecter notre rythme biologique. L’humanité, historiquement, est conditionnée à travailler l’été durant la période des moissons, des vendanges et faire des stocks de vivres pour l’hiver. Nous travaillons l’été, pour nous reposer l’hiver. C’est exactement tout l’inverse dans notre société actuelle.
Comment s’adapter au changement d’heure ?
On estime qu’il faut environ une semaine pour s’adapter au changement de rythme provoqué par le passage à l’heure d’été ou d’hiver. Voici quelques conseils pour bien s’y préparer et limiter les effets sur votre santé :
- Décaler ses heures de sommeil d’un quart d’heure à une demi-heure les jours qui précèdent le changement d’heure.
- Manger sainement et léger le soir pour faciliter la digestion à votre organisme.
- S’exposer le matin à la lumière naturelle pour favoriser la régulation de l’horloge biologique.
- Ne pas hésiter à faire des pauses et modifier son rythme de travail pour se caler sur le rythme solaire.
- Éviter de bousculer son rythme de vie et ses habitudes (heures des repas, activités physiques).
- Couper tôt dans la soirée les écrans avant de se coucher
- Faire des siestes pour réguler son sommeil durant la période du changement d’heure en hiver.
- Augmenter son apport en vitamines C et D pour éviter les coups de fatigue
- Éviter, pendant la période du changement d’heure d’été, la grasse matinée le week-end, la sieste ou la pratique du sport en soirée.
En conclusion
L’avenir du changement d’heure n’est pas garanti. La Commission européenne s’est saisie de la question et a lancé dès l’été 2018, une consultation en ligne, auprès des citoyens européens, qui a révélé que 84 % d’entre eux se prononçaient pour la fin du changement d’heure. L’année suivante, la Commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale a posé la même question aux Français, ajoutant une question cruciale : devons-nous rester à l’heure d’été ou d’hiver ? Les Français ont aussi approuvé largement la fin du changement d’heure et se sont prononcés à près de 60 % pour rester à l’heure d’été.
En 1996, l’économie de consommation en électricité liée au changement d’heure était estimée à 1200 Gwh (gigawatt-heure) par an. Elle ne serait plus actuellement que de l’ordre de 351 Gwh par an, soit 0,07 % de la consommation totale en énergie en France.
Mais, si effectivement, les économies en énergie sont moins flagrantes qu’autrefois, il n’en reste pas moins que l’état applique une politique visant à réduire la consommation de tous, que la population opte de plus en plus pour une attitude responsable et que les gains en énergie restent concluants à long terme. Continuons donc à réduire nos dépenses énergétiques par des écogestes quotidiens et des rénovations de logements efficaces, et le changement d’heure ne sera un jour plus qu’un souvenir.
La décision de la Commission européenne de maintenir ou pas le changement d’heure a été repoussée à 2022.
A suivre…