La révolution des thérapies « in virtuo »
Vous avez peur des araignées ou des ascenseurs, vous êtes accro au tabac… En France, vous êtes de plus en plus nombreux à avoir recours aux thérapies par réalité virtuelle, pour soigner vos phobies et autres sources d’anxiété. Tour d’horizon du pourquoi du comment de ce nouveau levier technologique au sein des psychothérapies comportementales et cognitives.
La « réalité virtuelle », est une technique numérique consistant à générer artificiellement, via des logiciels, un environnement en 3D dans lequel, on pourra librement naviguer en temps réel grâce au port d’un casque VR (Virtual Reality) et avec lequel on pourra également interagir. Loin d’être circonscrite au seul terrain de jeu vidéoludique, l’univers de la réalité virtuelle trouve aujourd’hui de nombreuses applications, notamment dans le milieu médical et en particulier dans le cadre des psychothérapies. On parle ainsi de plus en plus, de Thérapie par Réalité Virtuelle (TRV) ou Thérapie par Exposition à la Réalité Virtuelle (TERV).
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La TRV, pour quels symptômes ?
La TRV est préconisée notamment dans le traitement des troubles anxieux : phobies, trouble anxieux généralisé, troubles obsessionnels. Mais elle est également appliquée dans le traitement de la douleur, des addictions (alcool, tabac…), des troubles du comportement alimentaire ou de l’état de stress post-traumatique. Des protocoles sont aussi à l’étude dans le domaine de la schizophrénie ou des délires paranoïaques.
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TRV et TCC, quelles différences ?
L’exposition, In virtuo ou imaginaire, à ses peurs est l’un des principes de base des thérapies comportementales cognitives (TCC). Mais elle peut s’avérer compliquée (et onéreuse !) lorsqu’il s’agit par exemple, de décoller dix fois de suite pour lutter contre son aviophobie. Pas simple non plus de toujours avoir une araignée sous la main, pour soigner un cas d’arachnophobie. Sans être une solution miracle, la TRV apparaît alors comme un nouvel outil d’exposition parmi les autres TCC, aussi efficace et parfois plus pratique. Son objectif est de substituer l’exposition virtuelle à l’exposition réelle, grâce à
des activités sensori-motrices et cognitives.
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Comment se déroule une séance ?
Dans le cadre d’une TRV, l’exposition du patient à ses peurs se veut progressive. Pas question d’enfiler un casque VR dès la première séance. Il s’agit d’abord d’accompagner le patient pour l’aider à comprendre ses troubles et les enjeux de sa thérapie. On lui apprend également des techniques de relaxation et de respiration pour réagir au mieux une fois en situation… Et même une fois le casque sur la tête, là encore, de la douceur. Le patient est guidé pas à pas dans un environnement virtuel que le thérapeute peut moduler à sa guise pour une mise en contact par étape avec la peur ou la source d’anxiété. Par ailleurs, le patient « sait » qu’il se trouve dans le cabinet de son thérapeute et qu’il peut interrompre l’exposition à tout moment. Avec le contrôle de l’environnement, cette dimension sécurisante est l’autre point fort de la TRV.
En France, la TRV est proposée dans deux centres médicaux : au CHU de la Conception, à Marseille, et à celui de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Mais depuis 2016, elle est rendue de plus en plus accessible aux cabinets libéraux grâce notamment à la démocratisation de programmes thérapeutiques développés par la société française C2Care. La TRV reste néanmoins une innovation en développement. Et si son efficacité est incontestable, il s’agit d’en avoir une utilisation ciblée et modérée, notamment auprès des plus jeunes (elle est interdite aux moins de 13 ans).
Pour info : une séance de TRV dure entre 30 et 40 minutes, est soumise à la règle du tiers payant et est entièrement remboursée.