Hypnothérapie : ce qu’il faut savoir avant de se lancer
Selon une étude de Statista Research Department en 2018, plus de 50 % des Français (1 000 personnes interrogées) croient aux bienfaits de l’hypnose pour la santé. Les études du docteur Alfred A. BARRIOS de l’Université de Californie, réalisées dans les années 1970 et publiées en 2006, montrent également l’efficacité supérieure de l’hypnothérapie sur la psychanalyse ou les thérapies comportementales.
Dérivé du grec “hypnos”, signifiant sommeil, l’hypnose désigne à la fois un état modifié de conscience et les pratiques destinées à le créer. Cet état, proche du sommeil ou de la méditation, permet à l’individu d’approcher son inconscient, tout en restant conscient du monde qui l’entoure.
AVENIR SANTÉ MUTUELLE vous propose d’en savoir plus sur l’hypnothérapie.
Origine de l’hypnose
À l’origine, l’hypnose était utilisée par les guérisseurs et les chamans. Au XVIIIe siècle, le Docteur Mesmer s’est intéressé à l’hypnose. Selon lui, certaines personnes sont dotées d’un fluide qui leur permet d’influencer d’autres personnes, voire de les guérir de certains maux. La Société royale de médecine en 1784 et l’Académie des sciences estiment, à cette époque, que cette pratique relève du charlatanisme.
C’est au XIXè siècle, grâce au médecin britannique James Braid, que la technique de l’hypnose prend de l’importance. Selon ses recherches, certains procédés tels que les paroles ou les suggestions, permettent de générer des modifications fonctionnelles du cerveau. Pour les patients qui en font l’expérience, cette technique serait curative.
En 1955, la British Medical Society consacre l’usage de l’hypnose comme procédé médical. En France, 37 ans plus tard, en 1992, l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale a tenu une conférence sur l’hypnose, ses mécanismes et ses effets, sous l’impulsion du Docteur Bongartz. La première formation universitaire d’hypnothérapie a vu le jour en 2001, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
Principe de l’hypnose
L’hypnose est un état voisin du sommeil, provoqué par des manœuvres de suggestions. C’est un mode de fonctionnement du cerveau provoqué par plusieurs moyens. La personne en état d’hypnose est dans un état conscient, mais son esprit fait abstraction de tout ce qui l’entoure.
Les paroles de celui qui pratique l’hypnose (l’hypnotiseur), déclenchent chez le patient une hyperréactivité et une hypersensibilité. Ce dernier va alors percevoir les choses plus largement dans leur ensemble et avec un certain recul. Il peut se confronter plus facilement à ses problèmes pour les résoudre, modifier un comportement ou calmer une peur. Le patient sous hypnose est plongé dans un état de veille, comme lorsque quelqu’un est absorbé par un film ou un livre. Cet état de lâcher-prise peut permettre d’ouvrir des possibilités d’action sur l’esprit, des réactions corporelles et émotionnelles. L’intérêt de ce travail psychologique tient au fait qu’il est réalisé à un niveau inconscient. Les activités conscientes sont mises en sommeil. La question qui se pose est de savoir si chaque individu est sensible à l’hypnose.
Les différents types d’hypnose
L’hypnose classique
L’hypnose classique émerge en 1841 et fonctionne sur des suggestions qui sont directes, par exemple, « je dois arrêter de fumer ». C’est la technique la plus utilisée, car c’est une manière autoritaire et directe d’arriver à ses fins. Il a été démontré que ce type d’hypnose est utile pour les phobies ou pour modifier des ressentis corporels.
L’hypnose Ericksonienne
L’hypnose Ericksonienne a été développée au milieu du XXè siècle par le psychiatre et psychologue américain Milton Erickson. Le créateur de cette technique part du principe que la structure psychologique des individus est beaucoup trop complexe pour qu’on puisse intervenir dessus de façon directe. Il proposait donc, de solliciter la créativité de l’inconscient et invitait à exprimer ce qui pourrait être changé pour rendre une certaine situation moins difficile.
Elle consiste à créer un dialogue entre l’inconscient et le conscient grâce à :
- Des métaphores ;
- Un recadrage ;
- L’activation de rêves ;
- Des suggestions indirectes ou composées ;
- Une altération sensorielle.
L’hypnose humaniste
L’hypnose humaniste permet à l’individu d’accéder à son inconscient et à sa conscience supérieure. Le principe n’est pas de régler les troubles directement mais de leur donner du sens, pour comprendre la source des troubles et les faire disparaître.
La nouvelle hypnose
La nouvelle hypnose date de 1979, développée par Daniel Azaoz, elle mêle les types d’hypnoses Ericksonienne et classique.
Dans quels cas l’hypnose est efficace
En 2015, l’Inserm a évalué l’efficacité de l’hypnose, en analysant toutes les études médicales disponibles sur le sujet et a conclu qu’elle a de l’intérêt pour :
- Gérer le stress, l’anxiété, notamment le syndrome de stress post-traumatique chez l’adulte ;
- Soigner les maladies sous influence psychosomatique comme le psoriasis, l’asthme ou l’eczéma ;
- Diminuer la prise d’antidouleurs, de sédatifs pour une opération et/ou faciliter des gestes ou des examens médicaux ;
- Soigner le syndrome de l’intestin irritable (colopathie fonctionnelle).
Son efficacité reste encore à démontrer dans plusieurs domaines :
- Sevrer le tabagisme (dont l’efficacité n’a pas encore été reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Inserm) ;
- Diminuer les douleurs lors de l’accouchement ;
- Réduire les douleurs lors de soins dentaires chez l’adulte et l’enfant ;
- Prévenir la dépression post-partum ;
- Limiter les bouffées de chaleur de la ménopause ;
- Prendre en charge la schizophrénie.
Comment pratiquer l’hypnose ?
L’hypnose se déroule le plus souvent chez un hypnothérapeute via une séance individuelle. Le Covid aidant, de plus en plus de séances d’hypnoses se déroulent sur internet, via Skype, ou encore via des applications spécialisées. Les séances de groupes sont préconisées pour certaines addictions, ou pour des troubles alimentaires.
Lors d’une séance d’hypnose, le praticien peut utiliser différents moyens à sa disposition pour faire appel aux différents sens du patient, car la focalisation prolongée des sens induit l’hypnose :
- Des moyens visuels en demandant au patient de visualiser des images ;
- Des moyens auditifs : un son, le plus souvent la voix du thérapeute ;
- Des moyens tactiles : un contact tactile est maintenu entre le patient et le thérapeute.
Contre-indications à l’hypnothérapie
L’hypnose est contre-indiquée lorsque l’individu est atteint de troubles psychiques graves comme la schizophrénie, la paranoïa, ou la maniaco-dépression.
Certaines idées reçues consistent à dire que l’individu peut rester bloqué dans un état hypnotique, ou même que l’hypnose est douloureuse ou dangereuse. Mais, l’étude faite par l’Inserm consiste à dire que cette technique ne présente « aucun effet indésirable grave. On ne peut pour autant exclure l’existence de tels événements indésirables, car s’ils existent, leur incidence est relativement faible ».
Pour autant, il est largement recommandé de faire appel à des spécialistes reconnus par la profession médicale pour pratiquer l’hypnose. Certaines sectes utilisent l’hypnose comme solution à tout problème, il faut donc rester vigilant et ne pas hésiter à demander au praticien où il a été formé. Il est aussi possible de se renseigner sur le site de la CFHTB (Confédération Francophone d’Hypnose et Thérapies Brèves) ou sur l’annuaire du site Hypnose.fr géré par des médecins et des professionnels de santé.
Comment choisir son hypnothérapeute ?
La formation en hypnothérapie est accessible uniquement aux personnels de santé disposant d’un diplôme d’État : psychologues, psychothérapeutes, médecins généralistes, médecins spécialistes, chirurgiens-dentistes, infirmiers, sages-femmes, kinésithérapeutes et puéricultrices… En France, de nombreux diplômes universitaires sont reconnus par l’ordre des médecins ainsi que des formations privées dont celle de l’Association Française pour l’Etude de l’Hypnose Médicale (AFEHM).
Conclusion
L’hypnose fait donc partie du domaine médical et son efficacité sur certaines pathologies a été démontrée. Il est important de préciser également qu’elle est remboursée par la Sécurité sociale, si les séances sont pratiquées par un médecin psychiatre ou un médecin généraliste, lors d’une consultation. Elles feront l’objet d’une prise en charge au taux habituel, si vous êtes orienté par votre médecin traitant dans le cadre du parcours de soins. Un complément de remboursement pourra vous être proposé par votre mutuelle, selon votre garantie.