Automédication, quelles précautions prendre ?
Face à un rhume, à une digestion difficile ou à un mal de tête, 8 Français sur 10 ont recours à l’automédication.
Cette pratique n’est pas anodine : un médicament, même sans ordonnance, reste un principe actif avec un risque d’effets indésirables.
Comme la fourmi de La Fontaine, faites-vous des réserves de médicaments pour votre pharmacie familiale cet hiver ? Selon un sondage de la Fédération des fabricants de produits d’automédication (Afipa), 22 % des Français prévoient de recourir davantage à l’automédication cette année. En France, l’automédication est en constante hausse depuis 10 ans, 80 % des plus de 18 ans ayant recours à un traitement sans ordonnance. Les médicaments d’automédication, librement accessibles en pharmacie, sont destinés à soigner des symptômes courants pendant une courte période : rhume, maux de gorge, herpès labial, reflux gastro-œsophagien occasionnel… En tête des ventes, les traitements pour les voies respiratoires et les antalgiques, suivis par les traitements pour les voies digestives et la dermatologie.
Les profils à risque
Ces traitements, que l’on achète aussi facilement qu’un dentifrice, restent des médicaments dont le principe actif peut déclencher des effets indésirables ou interagir avec d’autres traitements en cours. Concrètement, un patient sous anticoagulant (maladies cardiovasculaires) s’expose à un risque d’accident hémorragique s’il prend un anti-inflammatoire pour soulager un mal de tête. Autre profil de personne qui doit prendre l’automédication avec prudence : les femmes enceintes, « Les médicaments contre le rhume vendus sans ordonnance peuvent contenir des anti-inflammatoires et présenter les mêmes risques que l’ibuprofène pour le fœtus [NDLR : insuffisance cardiaque] », souligne le Docteur Deruelle[1], gynécologue-obstétricien. Pour le Professeur François Chast[2], chef de service de la pharmacie de l’hôpital Necker à Paris, l’automédication est aussi interdite « pour les enfants de moins de 6 ans, plus sensibles aux médicaments que l’adulte et pour le sujet âgé de plus de 70 ans chez qui les médicaments sont moins bien éliminés ».
1. Secrétaire général du Collège national des gynécologues-obstétriciens de France.
2. Dans son ouvrage Les médicaments en 100 questions, Tallandier, 412 pages, 14,90 euros.
Les 5 commandements
Les professionnels de santé recommandent de suivre cinq consignes en automédication :
- Informez votre pharmacien des traitements en cours et, lors de la prochaine consultation chez votre médecin traitant, abordez le sujet de vos habitudes d’automédication.
- Respectez la posologie et la durée du traitement.
- Arrêtez le traitement d’automédication s’il n’y a pas d’amélioration après trois jours.
- Conservez vos médicaments dans leur emballage d’origine avec leur notice.
- Déclarer les effets indésirables des médicaments sur le site Signalement-sante-gouv-fr.
L’automédication en chiffres
85 % des femmes, contre 75 % des hommes ont recours à l’automédication.
79 % de l’automédication a lieu en hiver, contre 49 % l’été et 40 % au printemps.
59 % des Français font confiance à leur pharmacien pour les conseiller.
Les 3 visages de l’automédication
Le Professeur François Chast identifie 3 types d’automédication :
- La demande de conseil au pharmacien.
- L’achat en pharmacie sans conseil.
- La prise d’un médicament directement pris dans son armoire à pharmacie.