Artisan du BTP, un métier à risques
La France compte 578 759 entreprises de BTP, dont 94 % dans le bâtiment et 6 % dans les travaux publics. Elles emploient 1 098 994 salariés. Les artisans du bâtiment emploient également 59 100 apprentis. Au regard du caractère manuel de ces métiers, le taux de sinistralité professionnelle de l’artisanat du bâtiment est, de facto, supérieur à la moyenne, notamment en raison d’accidents graves, voire mortels, qui entraînent des conséquences parfois dramatiques pour l’artisan, le contraignant à restreindre ou même à cesser définitivement son activité.
AVENIR SANTÉ MUTUELLE vous aide à mieux connaître le métier d’artisan du BTP et les risques de la profession.
L’artisan du BTP
Le métier d’artisan fait référence le plus souvent à un travail manuel. L’artisan est généralement en charge de la conception d’objets, de l’entretien et de la réparation de machines, de la construction et de l’entretien de bâtiments ou encore de la préparation et de la fabrication de produits frais grâce à des outils ou des matériaux spécifiques. L’artisan du bâtiment dispose, quant à lui, de savoir-faire particuliers.
Dans le domaine du bâtiment et des travaux publics (BTP), les artisans forment un corps de métiers, ou corps d’état, où de nombreuses professions sont représentées.
Ainsi, sont réunis au sein de ce secteur économique très diversifié, des savoir-faire manuels et techniques spécifiques. Parmi les artisans du bâtiment, on peut citer : le carreleur, le menuisier-charpentier, le plâtrier-plaquiste, le couvreur, le peintre, l’électricien, le plombier, etc.
Les différentes catégories de corps d’état
Il est important de noter que plus de 60 métiers composent le domaine du bâtiment. Ces métiers, aux spécificités diverses, sont divisés en catégories, appelées corps d’état.
La première, le « clos et couvert », représente les corps d’états de couverture, d’étanchéité ainsi que de façade. Plus précisément, ils englobent les métiers de préparation de terrain, de gros œuvre, de charpente, de couverture, d’étanchéité, de revêtement de façade et de menuiserie extérieure.
La seconde catégorie, du « corps d’état architectural » rassemble quant à elle les travaux en intérieur. On peut citer la menuiserie intérieure, la plâtrerie, le revêtement des sols et des murs ainsi que le mobilier.
La troisième, celle du « corps d’état technique » réunit, quant à elle, les métiers des réseaux (secs et humides).
Trois nouvelles catégories ont été récemment consacrées, celles de la démolition, de l’aménagement extérieur, et de la prestation d’accompagnement de fin de chantier.
Le bâtiment et les travaux publics
Le secteur du BTP est donc composé, d’une part, des artisans dans le domaine du bâtiment. Cela passe notamment par la construction, l’aménagement d’immeubles, d’établissements scolaires, d’industries, de bureaux ou encore de locaux commerciaux.
D’autre part, le domaine des travaux publics, qui désigne plus précisément la construction d’infrastructures publiques dont les maîtres d’œuvre sont généralement l’État ou les collectivités territoriales. Des acteurs privés peuvent également être à l’origine de projets d’envergure similaire, comme les centrales de production d’énergie, les aéroports ou les parkings.
Ainsi, charpente, menuiserie, plomberie ou électricité, sont autant de savoir-faire que proposent les artisans du bâtiment et des travaux publics
Le BTP, un pilier économique
En France, le BTP constitue l’un des secteurs économiques les plus importants. Il représente 150 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. Malgré la prédominance sur ce marché du BTP, de grands groupes tels que Bouygues, Eiffage ou encore Vinci, il est important de noter que ce secteur fait vivre de nombreuses petites entreprises et artisans aux compétences et savoir-faire spécialisés dans des domaines spécifiques. En ce sens, ce secteur contribue à l’activité de très nombreux travailleurs indépendants et est une source importante de création d’emplois.
Les risques liés au métier d’artisan du bâtiment
Les risques d’accidents du travail dans le BTP sont, pour la plupart, communs au métier d’artisan, compte tenu de son caractère manuel, de l’environnement de travail difficile en construction ou rénovation de bâtiments. Cependant, ils sont généralement sous-estimés, malgré leurs conséquences parfois graves sur l’artisan lui-même. Les plus fréquents sont liés aux conditions de travail :
- Risques liés aux déplacements sur le chantier sur un sol inégal, encombré, mal éclairé, ou comportant des obstacles.
- Risques liés à la manutention de charges lourdes ou à des mauvaises postures de travail contraignantes telles que les torsions, la position accroupie ou agenouillée, ainsi que les gestes répétitifs qui entraînent des troubles musculo-squelettiques très fréquents, à l’origine de nombreux accidents du travail.
- Risques psychologiques auxquels les artisans du BTP sont soumis, en raison du rythme de travail soutenu, des délais tendus, des urgences et imprévus qui surviennent fréquemment. Mêlés aux multiples contraintes administratives, réglementaires, fiscales et économiques, ces risques entraînent souvent et rapidement un surmenage chez l’artisan.
- Au-delà des contraintes psychologiques et physiques, les risques chimiques, compte tenu de l’utilisation fréquente de produits dangereux, sont de même importance que ceux précédemment évoqués. En effet, les artisans sont souvent sujets aux agressions chimiques liées aux produits qu’ils utilisent et peuvent subir des lésions cutanées ou des irritations respiratoires. À titre d’exemple, le ciment provoque de nombreux problèmes dermatologiques. De même, les poussières de chantiers émises par le brassage d’air et le piétinement qui soulèvent des particules tombées au sol, peuvent être nocives lorsqu’elles sont inhalées.
- L’utilisation d’outils manuels et de machines électroportatives peut s’avérer dangereuse au même titre que les outils pneumatiques vibrants. Elle peut occasionner des blessures liées à des outils tranchants ou contondants, des atteintes pathologiques ostéoarticulaires et angioneurotiques dues à des vibrations transmises aux bras et aux mains par l’outillage portatif et qui peuvent toucher également la colonne vertébrale, voire le corps tout entier.
- Les déplacements plus ou moins longs que les artisans sont amenés à faire dans leur véhicule utilitaire exposent plus particulièrement cette catégorie de métier aux accidents de la route.
Les mesures de prévention
Tout risque professionnel identifié, doit faire l’objet de mesures de prévention spécifiques. Chaque intervention doit faire l’objet d’une évaluation des risques pour permettre la rédaction du Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) en prenant en compte à la fois l’environnement matériel et technique, l’efficacité des moyens de protection existants et leur utilisation selon les particularités des postes de travail.
Les mesures de prévention, qui permettent de diminuer la fréquence et la gravité des accidents chez l’artisan du BTP peuvent se diviser en 2 catégories :
- Les mesures de prévention collectives, tout d’abord, à prendre en compte dans l’organisation du chantier. Cela implique, en amont de l’intervention, de prendre en compte les situations de travail et de réfléchir à la meilleure organisation, pour réduire les risques d’accidents. Le choix des produits et des outillages est par exemple primordial pour assurer une protection contre les risques chimiques. La mesure qui s’impose alors est celle de remplacer, supprimer ou limiter au maximum l’utilisation de produits cancérogènes ou dangereux.
- Les mesures de protection individuelle qui traitent de l’hygiène tout d’abord, et le recours aux Équipements de Protection Individuelle (EPI) ensuite, indispensable pour assurer une protection des artisans la plus complète possible.
L’Iris-ST a publié en 2016 des chiffres sur les accidents du travail dans le monde du BTP : pour les entreprises de moins de 20 salariés, 1 employé sur 6 a été victime d’un accident du travail. Ce qui représente, en France, le rythme d’un accident toutes les 2 minutes les jours ouvrés… Plus que jamais, la prévention doit être prise au sérieux et la vigilance maintenue.
Les métiers les plus sûrs et à risques dans l’artisanat du BTP
Dans le bâtiment, la fréquence des accidents varie en fonction du métier. L’indice de fréquence des accidents s’établit à 63,1 en moyenne pour les entreprises artisanales du BTP. Parmi les professions qui connaissent le taux le plus fort, figurent les couvreurs (98,5) et surtout les charpentiers (109). À l’inverse, les artisans qui ne travaillent pas en hauteur comme les paysagistes (29,5) sont moins exposés. Malgré le risque électrique, les électriciens se situent dans la moyenne (48,1). Les secteurs des travaux publics (58,6) et de la plomberie ou du chauffage (67,1) sont les plus proches de la moyenne. Les accidents répertoriés interviennent principalement lors d’opérations de manutention (50 % des cas), loin devant les chutes de hauteur (18 %) et les problèmes d’outillages (16 %). Les lésions constatées touchent d’ailleurs davantage les mains (28 %) et les jambes (25 %) que les autres régions du corps (dos et rachis à 20 %, tête et cou à 9 %, torse et organes à 4 %).
Conclusion
Chaque nouvelle activité d’un artisan est différente de la précédente. La situation, l’environnement de travail, l’outillage nécessaire, l’aspect manuel de la plupart de ses interventions, tout concourt à mettre l’artisan en situation de danger potentiel à chaque intervention. C’est pourquoi, le respect des règles de sécurité inhérentes à chaque corps de métier est indispensable. Pourtant, si les matériels et les techniques de travail évoluent, l’artisan souffre parfois d’un déficit de formation. C’est pourquoi, AVENIR SANTÉ MUTUELLE recommande de toujours maintenir un niveau de formation régulier, y compris