Acouphènes et hyperacousie
Les acouphènes et l’hyperacousie comptent parmi les troubles de l’audition les plus connus et dont on estime qu’environ 10 à 17 % de la population française en est victime. 1,6 millions de Français considèrent leurs acouphènes comme agressifs et 300 000 les qualifient d’insupportables. Dans 40 % des cas, ils s’accompagnent d’hyperacousie, qui est en réalité liée à l’acouphène, car 80 % des patients hyperacousiques auraient un acouphène (selon une étude de : Hazell and Sheldrake en 1992), et 40 % des sujets se plaignant d’acouphènes souffriraient également d’hyperacousie.
AVENIR SANTÉ MUTUELLE vous aide à comprendre ces phénomènes, plus répandus qu’on ne le croit.
Définition d’un acouphène et de l’hyperacousie
Les acouphènes sont des bruits purement subjectifs, qui ne sont pas issus de l’extérieur et qui peuvent prendre la forme de sifflements ou de bourdonnements, perceptibles dans l’oreille ou dans la tête, de façon permanente ou non. Ces bruits peuvent être envahissants et gêner terriblement la vie quotidienne de ceux qui en sont victimes. Ils sont avant tout la conséquence d’un dérèglement nerveux. La cause de l’acouphène, quelle qu’elle soit, induit une mauvaise interprétation par le système auditif d’un signal nerveux.
L’hyperacousie se caractérise par une intolérance plus élevée aux bruits. Autrement dit, c’est une hypersensibilité à des sons modérés ou forts. Un bruit d’un volume normal devient insupportable pour celui qui souffre d’hyperacousie, car il le perçoit bien plus fort qu’il ne l’est en réalité. L’hyperacousie peut entraîner des conséquences sociales et notamment l’isolement, le repli sur soi ou encore la dépression…
Ces deux troubles de l’audition peuvent être le symptôme de la maladie de Ménière, qui se manifeste notamment par des crises de vertiges, mais également être le signe d’autres pathologies comme l’hypertension ou l’excès de cholestérol. Lorsqu’ils ne sont pas le signe d’une maladie, ils sont très souvent dus à un traumatisme sonore ou à la vieillesse.
L’acouphène subjectif est avant tout la conséquence d’un dérèglement nerveux qui induit une mauvaise interprétation par le système auditif d’un signal nerveux. Une fois le traumatisme vécu, votre cerveau identifie un signal nerveux normalement bénin et inhibé comme un signal agressif qu’il n’arrive plus à écarter, l’acouphène s’installe. Il ne s’agit pas d’un son de l’environnement mesurable mais d’un son purement subjectif.
Différents types d’acouphènes ?
Dans un premier temps, il est nécessaire de faire la distinction entre les acouphènes qui sont apparus soudainement et les acouphènes chroniques, installés depuis plusieurs mois ou années.
Dans un second temps, il faut noter qu’il existe deux types d’acouphènes : les subjectifs et les objectifs.
Que sont les acouphènes objectifs ?
Les acouphènes objectifs représentent 5 % des acouphènes. Ils ont pour caractéristique d’être liés à des bruits existant dedans, ou à proximité de l’oreille. Le ou la malade entend des bruits rythmiques, des battements ou des craquements. Il est possible que ces bruits soient mesurables, et même entendus par d’autres personnes. Ils peuvent être physiologiques ou pathologiques. Il est alors conseillé de passer un examen ORL pour faire un diagnostic étiologique.
Que sont les acouphènes subjectifs ?
Les acouphènes subjectifs représentent 95 % des acouphènes et sont toujours associés à une perte auditive, minime ou majeure. Ils ne correspondent à aucun bruit existant dans le corps, par conséquent, ils ne peuvent pas être perçus lors d’une auscultation. Permanents ou intermittents, dans une oreille, dans les deux ou même dans la tête, ils sont décrits comme des sifflements, bourdonnements d’oreille, vrombissements, chuintements, bruits de moteur, lignes à haute tension, chutes d’eau, cocottes minute, coquillages, mires de télévision, cigales…
Les causes
Les acouphènes sont une maladie complexe et multifactorielle.
Leurs causes sont variées, que ce soit une exposition au bruit (traumatisme), une pathologie auditive (maladie de Ménière, otospongiose…) ou bien des facteurs environnementaux ou psychologiques.
Traumatismes sonores
En ce qui concerne les traumatismes sonores, ils peuvent être à l’origine des acouphènes qu’ils soient dus à une seule et unique exposition intense au bruit (explosion, déflagration, niveau sonore excessif…), à des expositions répétées, ou encore à un traumatisme chronique (écoute au casque, concerts répétés sans protection auditive…).
Traumatismes pathologiques
Les acouphènes peuvent également trouver leurs origines dans diverses pathologies. La maladie de Ménière est un des exemples qu’il est possible de citer. Cette maladie se traduit par des crises récurrentes de vertiges, des sifflements ainsi qu’une perte d’audition.
Les otites moyennes à répétition, l’otospongiose, des lésions de l’oreille interne dues à la prise de médicaments ototoxiques ou bien à l’atteinte du nerf auditif comme un neurinome de l’acoustique peuvent également être à l’origine de ce trouble auditif.
Traumatismes psychologiques
Un choc émotionnel, une période de stress intense, un décès ou tout autre choc psychologique peut favoriser l’apparition de sifflements d’oreille.
Médicaments ototoxiques
Certaines typologies de médicaments sont connues pour causer potentiellement des sifflements d’oreille :
- Les anti-inflammatoires : principalement des salicylés et des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
- Les macrolides
- Certains antiarythmiques : propranolol, metoprolol
- Certains anesthésiques loco-régionaux comme la lidocaïne
Bouchon de cérumen
L’obstruction du conduit auditif par un bouchon de cérumen ou bien un corps étranger, peut occasionner l’apparition soudaine d’acouphènes. Ainsi, retirer le bouchon du conduit auditif permettra dans la plupart des cas de traiter le sifflement.
Les facteurs de risques de développement des bourdonnements d’oreilles
La presbyacousie
La perte d’audition due à l’âge peut également être à l’origine de ces troubles auditifs. Les sifflements perçus sont créés, car le cerveau comble le vide en générant une activité nerveuse suppléante.
L’hypertension artérielle et les troubles vasculaires
L’hypertension artérielle et les problèmes de circulation sanguine peuvent être un facteur de risque de développement d’acouphènes objectifs, notamment les acouphènes pulsatiles artériels ou veineux. Les acouphènes pulsatiles sont des battements rythmés par le rythme cardiaque et leur traitement n’est pas le même que pour les autres acouphènes.
Les symptômes
On peut souvent rapprocher les acouphènes d’un son existant dans l’environnement, mais il est difficile de les caractériser de manière exacte.
Les symptômes les plus fréquents sont notamment des sifflements, chuintements, bourdonnements, grésillements, chutes d’eau, bruits de la mer, sons purs, bruits du cœur, lignes haute tension, cocotte-minute, grillons, cigales, cliquetis… Plus généralement les symptômes de l’acouphène sont des bruits complexes créés par une association de plusieurs sons et peuvent être ressentis dans seulement une oreille, les deux ou dans la tête.
D’autres symptômes sont également à relever :
- Trouble du sommeil
- Stress et tension
- Intolérance aux sons forts, voire d’une douleur dans les cas d’hyperacousie sévère
- Perte d’audition
- Vertiges
- Troubles de l’équilibre
Les conséquences des acouphènes
Les acouphènes peuvent être réellement handicapant pour les sujets qui en sont atteints. Les conséquences sont multiples, et touchent principalement le bien-être mental et social des personnes. Leur vie quotidienne est fortement impactée, car ce trouble auditif peut provoquer fatigue, stress, manque de concentration et dépression. Ses symptômes favorisent la focalisation des bruits perçus, ce qui les accentuent.
Isolement
Les victimes d’acouphène ont tendance à s’isoler du bruit et à limiter les interactions sociales, par peur que les sifflements ou autres bruits s’intensifient. La surprotection n’est pas une solution, car dans le silence, les bruits sont davantage perceptibles. De plus, l’isolement ne permet ni d’accepter les acouphènes, ni de bien vivre avec.
Problèmes de sommeil et insomnies
Le bruit des sifflements peut provoquer des insomnies à répétition. Les troubles du sommeil peuvent conduire à une dépression, une fatigue chronique voir une diminution de sa tolérance aux acouphènes.
Facteur de stress
Réaliser que les sifflements sont permanents provoque un choc qui pousse le sujet acouphénique à se focaliser sur ces derniers. Cette focalisation induit un stress, parfois intense qui peut induire une grande détresse psychologique. Cela se produit chez près d’1 adulte sur 4.
Les distorsions cognitives sont également une conséquence de ces troubles auditifs. Ces dernières peuvent empêcher le patient de gérer ses émotions, sa santé mentale ou physique.
Le traitement des acouphènes et de l’hyperacousie
Il n’est pas possible de supprimer totalement les acouphènes ou l’hyperacousie. Le meilleur moyen d’éviter ces deux problèmes majeurs reste la prévention. Pour autant, des thérapies existent pour tenter de diminuer leur puissance.
Pour l’hyperacousie par exemple, il s’agit de réhabituer progressivement l’oreille aux bruits du quotidien. En ce qui concerne les acouphènes, le port d’appareils auditifs est possible pour permettre de les masquer et de retrouver une bonne ouïe.
Plus généralement, il existe différentes thérapies qui peuvent être explorées avec différents objectifs :
- Aider le patient à modifier la perception de ses acouphènes pour mieux les accepter.
- Apaiser les symptômes qui découlent des sifflements : stress, insomnies, dépression
- Diminuer l’intensité perçue des acouphènes, en aidant le cerveau à ne plus se focaliser sur les sifflements et en rééduquant le système auditif.
Différentes pistes thérapeutiques peuvent être envisagées :
- Thérapie sonore via l’appareillage auditif (TRT)
- Sophrologie
- Thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
- Hypnose
- Acupuncture
Pour autant, aucune de ces méthodes ne supprime totalement ces troubles auditifs. La meilleure façon d’éviter les acouphènes et l’hyperacousie est la prévention.
La prévention des acouphènes et de l’hyperacousie
Compte tenu du fait que la principale cause d’apparition des acouphènes est un traumatisme sonore, le premier moyen de les prévenir est d’éviter au maximum les volumes sonores trop élevés, grâce à des protections auditives par exemple, lorsque l’environnement est trop bruyant, lors des concerts par exemple. À noter également, que les baladeurs peuvent être à l’origine d’une recrudescence des troubles auditifs chez les jeunes, qui en sont les plus grands consommateurs.
Si les environnements trop bruyants sont à éviter, le silence l’est également. En effet, les acouphènes y sont beaucoup plus perceptibles, et en cas d’hyperacousie, le silence peut diminuer la tolérance au bruit. Il convient bien entendu de se protéger des expositions dangereuses pour l’audition, mais la surprotection n’est pas une solution.
Le stress, la fatigue, l’alcool, le tabac ou encore la caféine sont autant d’autres facteurs qui peuvent aggraver les acouphènes ou l’hyperacousie. Ainsi, un environnement sain, non stressant permettrait aussi d’agir en prévention du développement de ce renforcement négatif.
Si vous êtes sujet aux acouphènes, rappelez-le à votre médecin, car les médicaments ototoxiques, comme l’aspirine ou l’ibuprofène, sont dangereux pour votre audition.
Quoi qu’il en soit, si vous entendez des acouphènes ou que vous avez du mal à supporter les bruits de la vie quotidienne, il est recommandé d’aller consulter un ORL ou une équipe multidisciplinaire spécialisée dans la prise en charge des patients acouphéniques qui pourront, entre autres, s’assurer qu’ils ne sont pas le symptôme d’une maladie rare.
Conclusion
Les acouphènes sont trop souvent banalisés par la société, mais il est essentiel de consulter un ORL. En effet, beaucoup d’amateurs de musique ou de boîte de nuit pensent qu’il est normal que leurs oreilles sifflent et ne savent pas qu’en réalité, ces sifflements sont le signe d’un trouble auditif qui peut s’accompagner d’une perte auditive dans quasiment 100 % des cas. Chez l’enfant, les acouphènes sont bénins, tandis que chez les adolescents, ils peuvent être le signe d’une surexposition aux sons trop élevés, pouvant endommager définitivement l’audition.
Rappelons qu’il est nécessaire de protéger son ouïe en cas d’exposition à des sons au-dessus de 80dB.