Entreprise et Qualité de vie au travail
La pandémie de la COVID-19 a modifié nos façons de travailler. De nombreuses entreprises ont été contraintes de réfléchir à la manière de travailler autrement, en prenant en compte de nouvelles hypothèses et en tentant de conserver une vraie productivité. Elles ont pu constater que, dans certaines situations, l’évolution du bien-être des salariés avait un impact positif sur leur motivation et leur implication au travail et donc sur leur rendement. Elles ont transformé cette période en opportunité en comprenant mieux les besoins, attentes et préoccupations de leurs collaborateurs afin d’augmenter, dans le même temps, bien-être et productivité. C’est là tout l’enjeu de la Qualité de Vie au Travail (QVT) qu’AVENIR SANTÉ MUTUELLE propose de déchiffrer pour vous.
De quoi parle-t-on ?
Depuis quelques années, de nouvelles formes de maladies apparaissent chez les salariés en entreprise. Du fait de méthodes de travail d’un autre temps, d’une pression hiérarchique trop forte, d’horaires décalés, d’une surcharge de travail ou d’un manque de reconnaissance, près d’un salarié sur deux se déclare en état de stress (Enquête Ipsos Mori, au nom de l’agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, mai 2013), un salarié sur huit fait un burn-out (Organisation internationale du travail OIT). La dépression en entreprise coûte 617 milliards d’euros (European Burn Out Institute) et les TMS (Troubles Musculo-squelettiques) représentent 80 % des maladies professionnelles (Baromètre européen de la prévention des risques de Dekra, 2014). Face à ce constat, de plus en plus d’entreprise engagent des démarches QVT avec plusieurs objectifs :
Améliorer la santé des salariés
La mise en œuvre d’une politique de bien-être en entreprise vise avant tout à prévenir et à agir sur les causes du stress par des actions de prévention collective. De nombreuses études l’ont prouvé, l’investissement dans la prévention par la mise en place d’une politique de QVT réduit les risques de maladies associées au travail (dépression, burn-out, TMS). Selon l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, 1 € investit dans la prévention génère jusqu’à 13 € de retour sur investissement.
Augmenter la motivation au travail
La qualité de vie au travail a un impact direct sur le présentéisme et l’absentéisme. Elle permet de renforcer l’engagement des collaborateurs et de stimuler leur motivation au quotidien. Les résultats sont quantifiables, la QVT influe non seulement sur le taux d’absentéisme (réduction de près de 25 %), mais aussi sur la fréquence des retards en entreprise.
Favoriser le recrutement
La politique de QVT exerce une influence sur toutes les dimensions de l’entreprise. En interne, elle a un impact sur la fidélisation des salariés, sur leur loyauté et leur fierté d’appartenance, ce qui a pour conséquence de se répercuter sur l’externe, par le rayonnement de la marque employeur, ce qui favorise le recrutement de nouveaux talents au sein de l’entreprise. On estime qu’il est ainsi possible de réduire de près de 28 % le turn-over pendant que 44,8 % des salariés jugent un employeur sur ses avantages de QVT et de bien-être.
Développer l’intelligence collective
Une bonne qualité de vie au travail favorise les échanges entre les salariés. Ils sont plus interactifs, notamment dans les échanges intergénérationnels et interservices. L’intelligence collective gagne en efficacité lors des rencontres professionnelles en réduisant les différences de statut et les inhibitions, permettant ainsi à chacun de prendre la parole et de contribuer, à sa manière, au projet d’entreprise.
Améliorer la productivité
Une étude réalisée auprès de près de 150 entreprises a démontré que celles ayant le plus investi dans la QVT avaient une croissance et des profits plus importants que les autres. Selon une étude de l’université de Warwick, être heureux augmenterait même la productivité de 12 % !
De la QVT à la QVCT
Depuis le 31 mars 2022, l’expression « Qualité de Vie au Travail » (QVT) a été remplacée dans le Code du travail par « Qualité de Vie et des Conditions de Travail » (QVCT). Ce nouveau terme a été officialisé par la loi du 2 août 2021 « pour renforcer la prévention en santé au travail ».
Il ajoute, à la notion de bien-être au travail, le fait que la qualité de vie au travail « vise d’abord le travail, les conditions de travail et la possibilité qu’elles ouvrent ou non de ‘faire du bon travail’ dans une bonne ambiance, dans le cadre de son organisation », une définition proposée par l’Accord National Interprofessionnel (ANI) QVT de juin 2013. Cet accord précise que la qualité de vie au travail est la somme des « actions qui permettent de concilier l’amélioration des conditions de travail pour les salariés et la performance globale de l’entreprise ». C’est également à cette occasion qu’elle est également « associée aux attentes fortes d’être pleinement reconnue dans l’entreprise et de mieux équilibrer vie professionnelle et vie personnelle ».
Parler de QVCT et non plus de QVT, c’est parler des vrais problèmes de l’entreprise, en ajoutant aux obligations réglementaires de la prévention sécurité, non seulement les notions de bien-être (ambiance de travail, séances de yoga…), mais également la mise en œuvre d’actions reliées, de manière directe, à celle des conditions de travail. On ne parle plus seulement des avantages décorrélés du travail, mais on recentre les efforts sur les pratiques managériales, le maintien durable dans l’emploi, les trajectoires professionnelles, la conduite des transformations, et les relations interpersonnelles.
La QVCT donne, en outre, au salarié, la possibilité de participer à l’évolution de ses propres conditions de travail en matière d’organisation, de management, et de prévention santé.
La question du travail à distance
Du fait des périodes de confinement liées à la pandémie de la COVID-19, le télétravail s’est ancré de façon importante dans les entreprises et les collectivités. Son adoption forcée a eu de nombreuses répercussions, notamment en termes d’organisation.
Dès lors, de nombreuses questions se posent : Comment travailler et être efficace à distance ? Comment assurer les interactions entre les salariés et développer l’intelligence collective ? Comment mener une activité professionnelle dans un état de concentration absolue et ne pas se laisser distraire par différentes sollicitations extérieures ?
C’est tout là l’enjeu de la QVCT, redonner un sens positif au travail, tout en maintenant une culture d’entreprise commune. Ainsi, après deux ans d’expérimentation, les entreprises se sont aperçues que les employés avaient progressé dans la pratique du télétravail et qu’ils étaient devenus plus performants. Ils travaillent où ils le souhaitent, dans le calme qu’ils auront eux-mêmes pris soin de préserver, à leur rythme. Ils évitent la fatigue des transports et bénéficient d’un gain de temps qui leur permet de trouver un équilibre avec la vie personnelle.
Pourtant, selon une étude Malakoff Médéric de 2018, 23 % des salariés renoncent à prendre leur arrêt de travail, c’est-à-dire qu’ils se rendent à leur travail, malades ou fatigués alors même qu’ils sont moins productifs. La mise en place du télétravail constitue désormais un enjeu majeur dans la mise en œuvre d’une démarche de QVCT.
Les leviers de la QVCT
Susciter l’engagement des collaborateurs est possible dès lors que sont pris en compte les besoins fondamentaux qui stimulent leur engagement : reconnaissance, évolution des compétences, relationnel, ambiance de travail, égalité hommes/femmes, équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, circulation de l’information, santé au travail, sens du travail, conditions et organisation du travail, soutien social, autonomie et responsabilisation.
Les pratiques organisationnelles et managériales sont au cœur de la démarche. Elles peuvent, en effet, dégrader ou améliorer la qualité de vie au travail des salariés.
La France a de fortes marges de progression pour parvenir au meilleur niveau de ses voisins européens en la matière. Trop d’entreprises françaises laissent encore peu de place au dialogue professionnel et au dialogue social. La démarche QVCT peut apporter les réponses aux équipes dirigeantes qui souhaitent prendre le virage de la confiance, de l’autonomie et de la responsabilisation des collaborateurs.
Conclusion
QVT, QVCT, sont des notions assez larges qui sont le résultat de nombreuses années d’observations scientifiques du travail et d’un dialogue social ininterrompu depuis près de 100 ans. Qu’il s’agisse d’une démarche par obligation ou d’un projet volontaire, dans le cadre de la mise en œuvre d’une politique RSE, par exemple. AVENIR SANTÉ MUTUELLE pense que l’amélioration de la qualité de vie au travail est un moyen efficace de préserver, aussi bien, la santé des travailleurs, que leur pouvoir d’achat en diminuant leurs dépenses de santé. C’est une opération gagnant/gagnant, pour le salarié, mais aussi pour l’entreprise qui y verra une façon de repenser son organisation du travail et une possibilité d’accroître sa compétitivité.
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