Ergonomie, un enjeu de santé et de performance
Les habitudes de travail au bureau et les postures qu’adoptent les travailleurs ont un impact sur leur santé et leur bien-être et, par voie de conséquences, sur la performance de l’entreprise. 8 personnes sur 10 estiment que leurs problèmes de dos ou de fatigue visuelle, par exemple, voient leur origine dans leur environnement professionnel, et notamment au niveau de leur poste de travail. L’ergonomie est l’étude scientifique des conditions de travail, particulièrement des interfaces hommes-machines.
AVENIR SANTÉ MUTUELLE vous aide à mieux comprendre ce domaine qui prend de plus en plus de place dans l’étude de la qualité de vie au travail.
L’ergonomie : l’étude du fonctionnement de l’homme au travail
Tiré du grec « ergon » (travail) et « nomos » (règles), l’ergonomie est la science du travail.
L’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail (ANACT), définit l’ergonomie comme étant la discipline qui rassemble l’ensemble des connaissances sur le fonctionnement de l’homme au travail et qui les applique à la conception des méthodes de travail, des machines, des outils, des locaux et des process de production.
Il s’agit donc de comprendre quelles sont les interactions entre les humains et les composantes du système dans lequel il évolue, pour ensuite optimiser le bien-être des travailleurs d’une part, et la performance globale de l’entreprise d’autre part.
Pour assurer sa mission, l’ergonome doit avoir des notions dans des domaines scientifiques très divers qui traitent du comportement humain tels que la médecine, la psychologie, le management, la sociologie, etc. C’est, par exemple, une étude ergonomique qui a ainsi vu naître le « copier/coller » que l’on connaît et utilise encore aujourd’hui, avec l’apparition du Macintosh en 1984.
Les domaines de l’ergonomie
L’ergonomie est une discipline multi-activités qui explore de nombreux domaines liés aux capacités physiques et intellectuelles des travailleurs.
L’ergonomie physique
C’est la science des postures de travail, de la manutention et de la manipulation d’objets, des mouvements répétitifs, de l’aménagement du poste de travail, de la santé et de la sécurité des opérateurs…
Plus généralement, il s’agit d’étudier les caractéristiques anatomiques, anthropométriques, physiologiques et biomécaniques de l’Homme dans sa relation avec l’activité physique.
L’ergonomie cognitive
Ses objectifs viseront à réduire la charge mentale ou le stress, à optimiser les processus de prise de décision et l’interaction homme-machine ou à améliorer la fiabilité de l’activité humaine.
Tous les processus mentaux en lien avec l’activité au travail sont concernés par cet aspect de l’ergonomie : la perception, la mémoire, le raisonnement, le langage, la communication…
L’ergonomie organisationnelle
On s’intéressera ici aux méthodes de travail, à l’optimisation des systèmes sociotechniques, aux structures et aux organisations, aux règles en vigueur, à la gestion des ressources humaines, aux horaires et aux rythmes de travail, et notamment au télétravail et aux nouvelles contraintes qu’il engendre.
Ergonomie et performance
L’ergonome recherchera l’équilibre entre la santé et le bien-être du travailleur et la performance de l’entreprise. La prise en compte du fonctionnement humain dans l’accomplissement d’une tâche et de ses exigences, fait souvent suite à une sollicitation liée à un dysfonctionnement qui a entraîné un problème de productivité, de qualité, de fiabilité, de santé ou de sécurité.
Il tentera alors d’identifier les dysfonctionnements en question et d’en comprendre les causes profondes par une analyse ergonomique rigoureuse des situations de travail. Un accompagnement coconstruit avec les acteurs de l’intervention permettra de supprimer les situations dangereuses pour la santé ou le bien-être en respectant les impératifs de productivité de l’entreprise. Il intervient également au moment de la conception d’un espace de travail, bureau, atelier, mais aussi pour contribuer à l’élaboration de nouveaux dispositifs techniques ou de nouvelles organisations. Il apportera son conseil sur la méthode de construction et proposera des préconisations techniques.
L’analyse ergonomique
Dans un premier temps, une analyse ergonomique débutera par l’examen de la demande, pour la comprendre et la reformuler, le cas échéant, avant de recueillir les données nécessaires à l’élaboration des premières hypothèses. Une analyse des activités sur site en lien avec les opérateurs, précédera les propositions de conception et d’aménagement.
Les critères qui sont intégrés à l’analyse ergonomique sont nombreux et de natures très diverses. Parmi les nombreux paramètres à prendre en compte lors de l’analyse d’un poste de travail on peut citer :
- L’espace dédié au poste de travail, aux mouvements et aux distances de sécurité
- Les activités de manutention
- L’entretien des installations et des équipements
- Les méthodes de travail et les normes opératoires
- La formation des salariés
- La température, l’hygrométrie, le bruit et l’éclairage
- La propreté des locaux
- Les vibrations mécaniques transmises aux membres et au corps entier
- Les champs magnétiques
Les changements ainsi constatés, après mise en œuvre des préconisations, sont analysés au travers d‘indicateurs socio-économiques et prennent en compte l’avis des travailleurs.
Législation et réalité de l’entreprise
Encore trop peu d’entreprises réalisent des études de risques lorsqu’il s’agit du travail de bureau, même si la législation impose certaines obligations aux chefs d’entreprises pour prendre les mesures nécessaires à la préservation de la santé des salariés.
D’autre part, les salariés eux-mêmes, y compris lorsqu’ils ont une bonne connaissance des obligations légales, ne pensent pas forcément à alerter leur hiérarchie des problèmes de douleurs qu’ils ressentent dues à un poste de travail inadapté. Chacun essaie alors de mettre en œuvre ses propres solutions pour limiter les effets d’une ergonomie de travail défaillante. Mais ces solutions improvisées sont rarement efficaces à 100 % et peuvent être néfaste à plus long terme.
Bien entendu, le coût des solutions ergonomiques, de l’étude à la réalisation est la cause principale du recours à des solutions de fortune, localisées principalement au niveau des chaises, des écrans, des sols et du clavier.
Pourtant, la conception ergonomique d’un poste de travail permet de gagner en productivité car elle limite l’absentéisme, un turn-over excessif, une diminution de la performance humaine et un allongement des délais de production. Elle augmente la motivation et le rendement des collaborateurs, et diminue le nombre d’accidents du travail et les maladies professionnelles.
Quelles conséquences ?
Plusieurs maladies professionnelles sont reconnues pour être liées à une mauvaise ergonomie au poste de travail. Les gestes répétitifs qui nécessitent de fournir un effort excessif ou qui mettent l’opérateur dans des positions difficiles, provoquent des TMS (Troubles Musculosquelettiques) au niveau du dos, du poignet, du coude, de l’épaule ou des vaisseaux sanguins des jambes.
Selon une récente étude, si 36 % des arrêts maladie sont causés par une maladie dite “classique”, 25 % sont prescrits à la suite du développement d’un TMS. Mais l’impact physique n’est pas le seul, car cette même étude révèle que 18 % des arrêts maladie concernent des troubles psychologiques, comme le burn-out ou le stress.
Quelles solutions ?
Au bureau, pour limiter les risques pour la santé et la sécurité des salariés, le poste de travail doit être étudié dans son ensemble : La table, le siège, les outils de travail, l’ordinateur, doivent être positionnés de manière fonctionnelle, orientés en fonction de l’éclairage ambiant, pour répondre aux besoins des utilisateurs dans leur activité quotidienne.
Adopter une bonne posture, limiter les gestes répétitifs, et respecter les temps de pause, permettent de minimiser les risques.
On privilégiera les chaises et les fauteuils réglables en hauteur, dont l’assisse et le dossier suivent les mouvements du corps pour une position assise dynamique et confortable. On adoptera les accessoires de travail sur écran qui permettent d’optimiser la position du salarié : repose pied et repose poignets, releveur et filtre d’écran, clavier et souris ergonomiques.
Quelques exercices d’étirement réguliers éviteront les problèmes liés à une position assise prolongée. Quand c’est possible, la luminosité naturelle est préférable à la lumière artificielle. Un environnement de travail agréable avec des couleurs non agressives et des espaces végétalisés peut également apporter un bien-être bénéfique pour la santé.
Conclusion
Loin des méthodes de travail tayloristes du début du siècle dernier, qui prônaient une organisation du travail par tâches répétitives, l’ergonomie est devenue l’un des piliers de la réussite d’une entreprise. En effet, en réduisant l’exposition des travailleurs aux risques d’accidents, on limite les dommages corporels, on réduit le stress et par conséquent, l’entreprise est plus efficace.
Mais sans faire forcément appel à une expertise ergonomique poussée, chacun à son niveau peut aménager son poste de travail de manière à en limiter les effets sur la santé. AVENIR SANTÉ MUTUELLE vous conseille de consacrer un moment de réflexion à l’aménagement de votre poste de travail, aux postures et aux habitudes de travail que vous pourriez modifier pour gagner en confort et bien-être au travail.
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