La chirurgie esthétique, jusqu’où aller ?
Les opérations de chirurgie esthétique en France se sont démocratisées depuis une dizaine d’années. En 2010, 511 000 opérations de chirurgie esthétique ont été recensées. En 2016, ce chiffre est passé à 517 000. Une augmentation statistique certes, mais surtout une évolution de la perception de cette pratique dans notre société. Plus de tabou, la chirurgie esthétique est devenue « une mode ». La France, fait partie des 10 pays les plus consommateurs de chirurgie esthétique, ce sont les individus entre 18 et 35 ans qui sont les plus concernés par cette tendance.
Pour comprendre les enjeux et les risques de cette pratique, AVENIR SANTÉ MUTUELLE vous propose de vous plonger dans l’histoire et l’évolution de la chirurgie esthétique.
Le domaine de la chirurgie esthétique
La chirurgie esthétique est une spécialité médicale qui consiste à améliorer l’apparence physique d’une personne. C’est un des domaines de la chirurgie plastique qui est elle aussi une spécialité chirurgicale faite dans un but de reconstruction et d’esthétisme. Il est possible d’y avoir recours pour un grand nombre de localisations du corps humain, à l’exception de l’intérieur du crâne, du thorax et de l’abdomen.
Ainsi, une personne peut avoir recours à la chirurgie esthétique pour plusieurs raisons qui ont trait entre autres, aux conséquences du vieillissement et aux disgrâces corporelles non pathologiques comme la mammoplastie, la rhinoplastie ou encore la lipoaspiration.
Mais un individu peut également y avoir recours compte tenu d’infections pathologiques comme les tumeurs, les malformations ou les conséquences de traumatismes. Dans ce cas, il s’agit alors d’avoir recours à la chirurgie réparatrice. Concernant la prise en charge des actes de chirurgie esthétique, la loi dite « Kouchner » de 2002 prévoyait une prise en charge des aléas thérapeutiques qui trouvent leur cause dans un acte de chirurgie esthétique. Pour cela, il fallait que ces actes soient effectués en France dans des structures agréées et par des spécialistes autorisés par la loi.
L’évolution de la chirurgie esthétique
La culture d’amélioration de l’apparence, que ce soit en raison de blessures ou de défauts physiques, n’est pas une nouveauté et existe depuis des millénaires. Chez les Romains, comme chez les Grecs, des traces de chirurgies faciales ont été retrouvées. Dans les civilisations anciennes d’Inde, en guise de punition, les femmes ayant commis un adultère se faisaient couper le nez, la rhinoplastie existait donc déjà, car celles qui le pouvait se faisaient reconstruire le nez coupé grâce à la peau des joues ou du front. Les Hébreux de l’antiquité, quant à eux, avaient recours à la lipectomie (qui consiste à retirer les excédents de peau et/ou la peau et à la retendre).
Autrement dit, la chirurgie esthétique existe depuis longtemps, mais il a fallu attendre « la combinaison de plusieurs facteurs politico-historiques » pour qu’elle puisse bénéficier de la notoriété qu’on lui connaît aujourd’hui.
Considéré par l’Église comme un « affront à la perfection de toute œuvre divine », le premier traité de chirurgie esthétique rédigé au XVIe siècle, a valu à son auteur Gaspare Tagliacozzi, d’être excommunié de cette institution.
Au cours de l’histoire, une période a particulièrement marqué le domaine de la chirurgie esthétique. En effet, la Grande Guerre, comme chacun le sait, a donné lieu à de nombreuses blessures. La devise des chirurgiens de l’époque étant « Le droit à une apparence humaine », ces derniers développent alors des techniques pour reconstruire les « gueules cassées ». L’apport principal de cette guerre, en ce qui concerne la chirurgie esthétique est, qu’à compter de cette époque, les chirurgiens sont accompagnés par des professionnels de santé tels que les médecins ou les assistants. Les conditions d’intervention et les éventuels dangers ou effets secondaires de l’intervention (hémorragie ou douleur) sont donc mieux pris en charge.
Les années 50 marquent un tournant dans le domaine de la chirurgie esthétique. C’est en 1952 qu’est fondée la société française de chirurgie. Les professionnels, à l’aide de nouvelles pratiques, répondent aux envies de plus en plus nombreuses des femmes d’être éternellement jeunes. Ensuite, au cours du XXe siècle, de nombreuses opérations ont marqué le progrès dans ce domaine :
- En 1952, la première dermabrasion est annoncée ;
- En 1959, la toute 1ère greffe de cheveux ;
- En 1961 la première chirurgie avec laser ;
- En 1968, la 1ère clinique de chirurgie esthétique est créée par le docteur Ivo Pitanguy à Rio ;
- En 1977, le Dr Illouz devient célèbre pour avoir amélioré la technique de la liposuccion.
Aujourd’hui, que ce soient les hommes ou les femmes, ils se tournent vers la chirurgie esthétique pour satisfaire le culte de la beauté et de la perfection. Mais ce ne sont pas les seules raisons qui peuvent pousser les individus à avoir recours à cette pratique.
Les raisons de la chirurgie
Pourquoi recourir à la chirurgie esthétique ? Deux raisons majeures sont à l’origine de la volonté d’avoir recours à la chirurgie esthétique.
Certains veulent corriger une malformation ou un dysfonctionnement physique, ou réparer les lésions à la suite d’un accident ou une opération chirurgicale antérieure. Il s’agit de la chirurgie reconstructive.
D’autres, qui ne sont pas satisfaites de leur apparence physique, peuvent faire appel à la chirurgie esthétique. C’est un moyen d’améliorer son apparence et de renforcer l’estime de soi.
Les risques de la chirurgie
La décision de recourir à la chirurgie esthétique n’est pas sans risques. Certains sont liés à l’acte chirurgical lui-même (anesthésie générale, douleurs post-opératoire…).
D’autres sont liés à la chirurgie esthétique. L’infection est un premier risque dû à l’introduction d’un corps étranger dans le corps humain, et donc de son potentiel rejet.
Ce risque infectieux n’est pas le seul en chirurgie esthétique car les cicatrices sont inévitables, il existe un risque cicatriciel. Le corps gardera la marque de la chirurgie. C’est d’ailleurs pour cette raison que les chirurgiens, conscient de ce fait, parlent fréquemment de « belles cicatrices » aux patients pour les rassurer.
Enfin, le risque psychologique est à envisager également. D’une part, parce que la chirurgie peut être ratée : les résultats peuvent ne pas convenir aux patients qui sont donc déçus de leur nouvelle apparence et qui devront subir une seconde intervention pour rattraper ce résultat insuffisant. D’autre part, ce changement soudain d’apparence peut nuire à la santé mentale du patient, qui peut d’ailleurs bénéficier d’un suivi à l’issue de la chirurgie.
Les remboursements SS et mutuelle
La chirurgie esthétique, à la différence de la chirurgie réparatrice qui est remboursée partiellement ou totalement, n’est pas prise en charge par la Sécurité Sociale. Pour bénéficier de la prise en charge de la chirurgie réparatrice, il faut que le chirurgien prenne contact avec le médecin conseil de la Sécurité Sociale. A l’issue de la procédure, la prise en charge par la CPAM varie entre 80 % et 100 % du tarif conventionnel des frais d’hospitalisation.
Pour ces taux de prise en charge, la souscription à une mutuelle s’avère donc indispensable. Selon les garanties souscrites, la mutuelle pourra prendre en charge totalement ou en partie le reste à charge du patient. Cette souscription est donc d’autant plus nécessaire concernant la chirurgie réparatrice, qui peut ne pas être prise en charge en totalité par la Sécurité Sociale.
Conclusion
La chirurgie esthétique est devenue un enjeu de beauté, considéré comme essentiel dans notre société. Une évolution étonnante, tant dans sa pratique que pour ses raisons. Les statistiques montrent que de plus en plus de femmes et d’hommes y ont recours, et ce malgré la connaissance des risques et le prix souvent exorbitant des opérations Avec la chirurgie esthétique, l’adage « il faut souffrir pour être belle/beau » n’a jamais été aussi pertinent.