Du baby-blues à la dépression post-partum

Médecine et santé - AVENIR SANTÉ MUTUELLE - 19/10/2021

Près de 80% des femmes qui ont accouché connaissent des épisodes de pleurs incontrôlables parfois inexpliqués. C’est un phénomène passager qui s’explique par un dérèglement hormonal lié à l’accouchement. S’il est sans conséquence dans la plupart des cas, il peut pourtant évoluer vers un état de dépression postnatale appelée également « dépression post-partum ».

AVENIR SANTÉ MUTUELLE vous donne quelques éléments de compréhension de ce phénomène naturel plutôt fréquent.

Le baby-blues

Une réaction normale

L’accouchement provoque un effondrement hormonal systématique. L’expulsion du placenta et la chute brutale des hormones œstroprogestatives provoquent une réaction de découragement et de doutes qui, en fait, traduisent une grande fatigue.

Dès la sortie de la maternité, la fatigue, le manque de sommeil, le rythme de l’allaitement ou les modifications biologiques que le corps de la femme a subies, provoquent des symptômes d’irritabilité, d’anxiété, de mélancolie, de perte d’appétit, de sentiment de vulnérabilité et des sautes d’humeur. C’est le syndrome du troisième jour, plus communément appelé « baby-blues ».

C’est un état passager qui peut durer jusqu’à une quinzaine de jours et qui disparaît généralement très naturellement.

A la maternité les sages-femmes et le personnel encadrant, sont de bons conseils et leur présence est rassurante. Mais dès la sortie de la maternité, le sentiment de ne pouvoir faire face à ses responsabilités de mère accentue ce sentiment d’impuissance et de mélancolie.

Le baby blues n’est pas une maladie, ce serait même, selon certains psychiatres, une étape utile qui viendrait marquer la fin de la grossesse et le début d’une nouvelle vie. C’est une réaction normale, assez fréquente, qui ne doit toutefois pas être prise à la légère si elle se prolonge au-delà d’une quinzaine de jours, car elle peut déboucher sur un état dépressif plus sérieux, notamment chez les jeunes mamans qui restent seules plus de 8 heures par jour avec leur nouveau-né.

Passer le cap du baby-blues

Quelques astuces de bon sens peuvent limiter, voire éviter cet état de stress post-natal. Le rôle du conjoint sera souvent décisif. Son aide sera précieuse pour aider à faire face aux besoins du bébé, pour assurer certaines tâches ménagères et, plus généralement, pour laisser du temps à la maman pour s’occuper d’elle, se reposer et prendre du temps pour se changer les idées. Passer de bons moments avec le bébé, le promener, lui parler, le bercer, sera également un réconfort incontournable pour la maman, comme pour le papa.

La dépression post-partum

Si cet état de mélancolie, de peur de ne pas y arriver ou de manque d’intérêt pour le bébé persiste au-delà d’une quinzaine de jours, le cap du baby-blues est peut-être passé à un stade plus préoccupant de dépression post-partum (ou postnatale).

Les symptômes

Le baby-blues est un état passager. Mais la dépression post-partum peut s’installer plus durablement. La mélancolie laisse alors la place à un sensation aigüe de défaillance personnelle.

Les insomnies se font plus fréquentes et plus longues, la fatigue devient incontrôlable et extrême, le plaisir de s’occuper du bébé disparait, la tristesse, les idées noires sont omniprésentes et un rien provoque pleurs et irritabilité.

Il est alors temps de consulter un spécialiste conseillé par le médecin traitant ou la sage-femme. Des associations peuvent accompagner les jeunes mamans à franchir ce cap en les accueillant dans des lieux où elles peuvent accomplir et se former à quelques gestes simples avec leur bébé.

Un traitement pédopsychiatrique peut aider les jeunes mamans à sortir de leur dépression. Un traitement sous anti-dépresseurs peut aussi être prescrit en cas de pathologie handicapante.

Les facteurs de risque

La dépression post-partum est une maladie qui peut se manifester à tout moment pendant l’année suivant l’accouchement.

Les causes peuvent être multiples. Les changements de mode de vie provoqués par l’arrivée du bébé peuvent être à l’origine du fait qu’on se sent dépassé. L’équilibre entre les tâches obligatoires et les activités agréables ou de loisirs sont également des facteurs aggravants, mais d’autres événements peuvent être à l’origine du déclenchement d’une dépression post-partum.

Une certaine fragilité psychologique, la situation du couple, les relations avec la famille ou encore la perte d’un emploi peuvent, en effet, déclencher un état dépressif que viendra renforcer l’état de grande fatigue lié au biorythme si particulier du bébé.

Les femmes qui ont déjà connu un épisode de dépression ou d’anxiété par le passé, sont plus à risques de développer une dépression post-partum. Un événement récent, comme un déménagement, un problème financier ou le deuil d’un proche, ne sont pas de nature à arranger les choses…

Des conséquences sur la famille.

La dépression post-partum va non seulement nuire à la jeune maman, mais la dégradation de sa relation avec le bébé, la faiblesse des interactions qu’elle aura avec lui, peuvent avoir un impact négatif sur le développement cognitif, social et affectif de l’enfant.

Le papa occupe un rôle central dans le rétablissement de la maman. Il devra s’adapter lui-aussi aux changements liés à l’arrivée du bébé, prendre la relève pour les tâches ménagères, le biberon et le change du bébé, En l’absence de symbiose avec la maman, il peut, dans certains cas, lui-aussi développer des symptômes dépressifs post-partum. Les nouveaux papas pourront donc avoir droit, eux-aussi, à une aide durant cette période et ne devront pas hésiter à consulter.

Les traitements

Rien n’est irréversible dans la dépression post-partum pour autant que le traitement est pris en charge assez tôt.

Une thérapie

Un traitement par psychothérapie peut prendre de 8 à 10 semaines. Toutefois, c’est le meilleur traitement contre la dépression post-partum. Le thérapeute va rétablir des liens entre la mère et son bébé et désamorcer les conflits éventuels. Le rapport entre la jeune maman et sa propre mère sera notamment exploré. La relation mère-enfant sera rétablie et la confiance en soi retrouvée.

Les unités parents-enfants

Il existe en France des unités spécialisées dans la relation parents-enfants qui permettent à de jeunes mamans de reprendre confiance en elles et de renouer le lien avec son enfant. Une équipe de thérapeutes, pédopsychiatres, psychologues, puéricultrices et infirmières encadrent la jeune maman au cours d’un séjour en milieu hospitalier complet.

 

Les soins à domicile

Des dispositifs de soins psychologiques à domicile, mis en place par les unités parents-enfants, existent pour faire face au manque de places. Un travail psychologique et d’accompagnement de la maman et de surveillance de la santé du bébé est réalisé par une infirmière.

La psychose puerpérale 

Dans un cas pour mille naissances, il existe un risque de psychose puerpérale. C’est un trouble psychiatrique grave qui survient quelques jours après l’accouchement. La jeune maman bascule dans un état de grande confusion, avec des délires et des hallucinations, souvent en rapport avec le bébé.

On distingue essentiellement cette pathologie de la dépression post-partum par le fait que la jeune maman est en rupture avec la réalité et développe des inquiétudes sans lien avec son environnement social et familial. Les symptômes sont confusionnels et dépressifs, voire paranoïaques. Les idées délirantes sont centrées sur l’enfant ou la naissance, avec la conviction que l’enfant n’est pas le sien par exemple.

Dans 20% des cas, il y a un risque de récidive de psychose puerpérale lors d’une prochaine grossesse.

A cause des risques encourus par la maman (risque de suicide) ou l’enfant (infanticide), la psychose puerpérale est une urgence psychiatrique.

Les conseils d’AVENIR SANTÉ MUTUELLE

L’accouchement est une étape importante dans la vie d’un couple qui doit être ressenti comme un bonheur et une joie intense et non comme un calvaire. C’est, notamment pour la nouvelle maman, un énorme bouleversement biologique et social.

Pour traverser cette période post-natale avec sérénité, AVENIR SANTÉ MUTUELLE vous livre ici quelques conseils à mettre en œuvre dès la naissance du bébé. Dormir suffisamment, et se réserver quelques moments privilégiés. Confier son enfant pendant quelques heures à une personne de confiance n’est pas un abandon, mais bien un moyen de préserver sa santé pour mieux s’occuper de lui en continu.  Éviter, autant que possible, les ambiances bruyantes et préférer les musiques douces. Adapter son cycle de repos au cycle de sommeil du bébé. Manger équilibré, faire de l’exercice avec modération (le yoga, la gymnastique douce ou la marche par exemple). Rester en contact avec son réseau relationnel habituel, amis, famille, milieu associatif.

Et pourquoi pas continuer à prendre soin de soi, en allant chez le coiffeur, en prenant le temps de s’habiller, de se maquiller…

On ne saurait trop conseiller au conjoint d’apporter toute son attention au bien-être de la nouvelle maman, qui trouvera dans l’aide qu’il lui apportera, le support et le confort rassurant d’une aide précieuse, réconfortante et reconnaissante.

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