Les maladies professionnelles : diagnostic et prise en charge

Le travail c’est la santé, disait la chanson d’Henri Salvador. Pas nécessairement. Parfois, de mauvaises conditions de travail peuvent être néfastes pour la santé des travailleurs et déclencher certains maux. Qu’est-ce qu’une maladie professionnelle ? Comment la faire reconnaître ? Comment est-elle prise en charge par l’Assurance Maladie ?

Faire reconnaître une maladie professionnelle

Le cadre réglementaire prévoit différents cas de figure :

• La maladie professionnelle est recensée dans un des nombreux tableaux publiés dans le Journal officiel. Chacun d’eux comprend la désignation de la maladie, les critères de reconnaissance, le type d’exposition, le délai de prise en charge et une énumération non exhaustive des différentes tâches pouvant provoquer l’affection en question. Parmi les maladies citées, on retrouve, notamment des cancers, des affections broncho-pulmonaires et respiratoires, des intoxications et des troubles musculosquelettiques (TMS). Récemment, les affections respiratoires aigües liées à une infection au SARS-CoV2 se sont ajoutés à cette longue liste. Si les maux dont vous souffrez y sont catégorisés et que votre situation répond aux conditions énumérées, votre affection sera directement reconnue par l’Assurance Maladie.
• La maladie professionnelle est recensée dans le tableau, mais toutes les conditions menant à sa reconnaissance ne sont pas réunies. L’Assurance Maladie doit saisir le Comité Régional de Reconnaissance des Maladies Professionnelles (CRRMP), chargé d’évaluer les dossiers au cas par cas.

• La maladie n’apparaît pas dans les tableaux, mais elle à l’origine d’une incapacité de 25% au minimum ou d’un décès. Les experts médicaux du CRRMP sont aussi sollicités afin d’étudier la demande.

Situation sans équivoque

Dans certains cas, les associations sont évidentes. Si votre milieu de travail est bruyant et que vous êtes exposé à des bruits au-dessus d’un nombre raisonnable de décibels. Si malgré le port du casque antibruit, vous souffrez de bourdonnements d’oreilles, d’acouphènes ou d’hyperacousie, en l’absence d’autres explications, il sera facile de prouver que votre état de santé est directement relié à votre milieu de travail.

Causes non évidentes

Le mal est parfois plus sournois. Un exemple parmi tant d’autres, vous avez des problèmes respiratoires que vous constatez uniquement après avoir passé une journée au travail. Le week-end, vous n’avez aucun symptôme. Il se peut que certaines substances présentes dans votre milieu de travail soient à l’origine de vos maux. Des moisissures camouflées dans les murs peuvent provoquer ce type de symptômes. Mais, en l’absence de preuves tangibles, il est plus difficile de le prouver.

Afin de vous préparer à un rendez-vous avec un médecin du travail, essayez d’être factuel, présentez les faites sans les interpréter. Listez vos symptômes, les moments auxquels ils se manifestent, etc. Des experts peuvent procéder à des tests sur votre lieu de travail afin de faire des recherches approfondies sur les causes de vos maux.

Maladies à retardement

Quand les problèmes de santé se manifestent des années plus tard, il n’est pas aisé d’entamer une procédure pourtant essentielle. Ce type de situation se présente par exemple, avec l’exposition à l’amiante, qui peut être la cause d’un cancer qui se développe des décennies après l’inhalation. Si vous avez été exposé à des matériaux potentiellement cancérigènes, des produits toxiques ou dangereux, il est important de garder des traces de cette exposition.

Maladies invisibles

Les syndromes d’épuisement professionnel, comme le bore-out, le burn-out et le brown-out, résultent aussi des conditions de travail. Mais, les manifestations sont invisibles à l’œil nu. Si vous souffrez d’une de ces pathologies psychiques, ne vous découragez pas, elles peuvent être reconnues. À noter que pour ces maladies qui conduisent très souvent à un arrêt de travail, il est très important d’agir dans les deux semaines qui suivent cet arrêt pour faire reconnaître la maladie professionnelle.

Si vous estimez souffrir de symptômes reliés à l’exercice de votre travail, que vous soyez ou non employé de l’entreprise à l’origine de ce préjudice, faites une demande de reconnaissance auprès de votre Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM). Ce dossier doit contenir le formulaire de déclaration de maladie professionnelle accompagné du certificat médical rempli par le médecin qui a établi le diagnostic, ainsi que l’attestation de salaire et l’arrêt de travail, le cas échéant.